• Chapitre 37

    Quelques jours plus tard, le groupe de médecins se retrouva dans la grande salle de réunion, un étage plus haut. La situation était urgente. Après leur entrevue avec Matthew, suite à la mort de Melissa, ce dernier leur avait laissé une semaine pour se décider de qui partirait et qui resterait. Depuis ce jour-là, beaucoup de choses semblaient avoir changé et même au sein de la petite ville. Les militaires s'étaient tenu silencieux depuis et, hormis continuer de patrouiller ou de participer à la surveillance de la ville, ils n'avaient plus réapparu à l'hôpital. Les médecins pouvaient légèrement souffler, mais au bout d'une semaine, ils devaient se décider sur quoi dire au Boss.

    - Tout le monde est là ? demanda Francis. Merci Theiron.
    - Je serais derrière la porte, déclara l'infirmier militaire qui assistait désormais Francis Alouès depuis quelques temps.
    - D'accord, merci. fit le médecin avant que ce dernier ne ferme la porte et que le silence remplisse la pièce.

    La vingtaine de médecins présent dans l'hôpital gardait la tête baissée. Ils savaient que, quoi qu'ils décideraient, ils ne pourraient plus vivre de la même manière et ne pourraient plus exercer leur art. Mais ils refusaient de perdre l'opportunité que leur avait offert le bourg. Matthew Peterson avait subit beaucoup pour leur sauver la vie, ils ne pouvaient pas le nier. Aussi, il était crucial de se décider à accepter ou non les règles et la vie ici. Matthew leur avait offert le choix de partir et de leur fournir le nécessaire pour survivre au moins deux jours dehors, le temps qu'ils se trouvent un endroit à l'abris, pour ceux qui choisissaient de partir. Maliya n'avait rien dit, mais sa haine envers eux et la rage que la situation avait fait grandir en elle étaient beaucoup trop brillant dans ses yeux pour qu'ils l'ignorent. Elle ne les aimaient pas et ils avaient peur de faire le moindre faux pas à cause de ça.

    - Je... Je veux partir, déclara un médecin assez jeune.
    - Comme Monsieur Peterson nous l'a dit, il nous laissera partir si on le souhaite, avec un nécessaire de survie limité. expliqua Francis. Je comprends que, avec ce qu'il c'est passé, certains hésitent et d'autres ne souhaitent pas rester ici. Je vous propose un vote. Ceux qui souhaitent partir lève la main.

    Plusieurs mains se levèrent. Sur la vingtaine qu'ils étaient, sept souhaitaient partir. Le jeune médecin souffla, rassuré de savoir qu'il n'était pas le seul à vouloir partir. Mais, parmi les mains levées, quatre se ravisèrent.

    - Vous ne voulez pas partir ? demanda le jeune médecin.
    - Nous sommes trop vieux, expliqua l'un d'eux. Même si nous parvenons à partir et à trouver un nouvel abris, qui nous dit qu'ils seront aussi accueillant qu'ici et qui nous dit même que nous arriverons à survivre dehors ? 
    - Depuis le début de l'apocalypse, nous avons été ensemble, enfermés, ballotés de refuge en refuge jusqu'à ce qu'on soit capturé et que l'on soit sauvé par cet homme et son équipe. 

    Un lourd silence retomba sur la salle.

    - Je vous redemande donc : ceux qui veulent partir lèvent la main. répéta Francis.

    Cette fois-ci, que trois personnes levèrent leurs mains, déterminés à quitter cet endroit qui leur donnait des cauchemars.

    - J'imagine que le reste souhaite rester ici, confirma alors le médecin. Pour ma part, j'ai une dette envers le père ainsi que la fille. Je resterais jusqu'à la fin ici.

    Sa déclaration ébranla le corps médical qui lui lança des regards étranges.

    - Je suis vieux, comme vous l'avez dit. Mais j'ai pu percer à jour cette famille et je n'ai aucune envie de les abandonner. Je garde en tête qu'au moindre faux pas, je peux finir comme Melissa, mais je n'ai aucun désir de me livrer à une telle extrémité. Maliya est une jeune femme qui doit vivre à la dur et son frère est quasiment né dans cette vie apocalyptique. 
    - Je te suis. Non pas parce que nous sommes amis de longue date, déclara à son tour Albert. Mais parce que j'ai également une dette envers cet homme et cette ville est ce que je recherchais depuis des années. Nous avons un toit sur la tête, un hôpital. Même si cette ville n'est pas rempli de monde, on a toujours de quoi faire et ils nous approvisionnent avec de la nourriture. Les militaires aident à trouver du matériel médical. Nos connaissances sont utiles ici et je veux leur rendre ce qu'ils nous on donné.

    Après ces deux discours, des murmures grondèrent autour de la table de réunion, jusqu'à ce qu'il soit enfin décidé : trois d'entre eux partiraient et le reste accepte de rester ici et de se plier aux règles du bourg.

    - Theiron ! appela Francis.

    La porte s'ouvrit pour laisser apparaître l'infirmer militaire qui se posta droit, les jambes légèrement arquées, les mains dans le dos, attendant son ordre.

    - Nous avons pris notre décision. Peux-tu prévenir Lucie et Monsieur Peterson ?
    - À vos ordres.

    Il quitta la pièce, fermant la porte pour revenir une vingtaine de minutes plus tard, accompagné de Lucie, Matthew en fauteuil, Maliya et le trio militaire.

    Francis poussa sa chaise pour laisser la place à Matthew et son fauteuil roulant.

    - J'écoute.
    - Nous avons eu recours à un vote, expliqua Albert.
    - Épargnez-moi les-
    - Trois d'entre nous ont décidé de partir ! le coupa Francis.

    Après ces quelques semaines passé en leur compagnie, le médecin avait cerné la famille et savait comment il fallait agir avec ces derniers. Ils n'aimaient pas les grands discours pompeux ni les phrases trop chargées. Il fallait aller à l'essentiel et Francis préféra prendre la parole pour éviter que quelqu'un ne subisse une découpe chirurgicale de la part de sa fille.

    - Ce groupe partira dès demain, dit-il alors en présentant les trois médecins qui avaient décidé de ne pas revenir.

    Matthew hocha la tête.

    - Une voiture avec de quoi survivre sera prête pour eux à la première heure demain matin. Si, entre temps, vous avez changé d'avis...
    - N-Non Monsieur, bredouilla le jeune médecin. Merci pour votre gé-générosité. Mais nous... souhaitons partir.

    Le mafieux hocha doucement la tête, acceptant leur décision, il leva légèrement la main pour que Kollin quitte la salle, allant ordonner qu'une voiture soit préparée avec tout un nécessaire de nourriture, couvertures et un kit de premiers soins.

    - Nous avons décidé de rester, compléta Francis. Nous sommes reconnaissant pour ce que vous avez fait pour nous.
    - Demain matin, après mes soins, nous aurons une réunion. déclara Matthew.
    - Aucun soucis. Est-ce que vous souhaitez qu'on prépare des documents ?
    - Prenez de quoi écrire.
    - Euh... d'accord.
    - Bonne chance à l'extérieur messieurs, dit alors le mafieux avant que le groupe ne quitte la pièce.

    La pression retomba et le trio poussa un long soupir. Jusqu'à ce qu'ils réalisent que Lucie et Theiron étaient encore là.

    - Vous... vous avez besoin de dire quelque chose ?
    - Non. Je fais juste un constat mental, c'est tout, dit Lucie avant de partir à son tour, Theiron sur ses talons.
    - Vivement qu'on parte, soupira le médecin dont le cœur battait trop vite pour qu'il puisse respirer normalement.

    Ce soir-là, les médecins se réunirent une dernière fois pour dîner tous ensemble avant qu'au petit matin, ils ne se joignent au trio pour leur souhaiter bonne chance et les voir monter dans une des voitures que le mafieux avait récupéré de leur expédition.

    Les portes se refermèrent alors sur la voiture qui ne donnera jamais plus aucun signe de vie.

     

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