• L'Attaque de l'Écosse

    Elle était mariée depuis 2 mois.

     

    Depuis deux mois, intense, Fanny se battait pour gérer le patrimoine laissé par sa grand-mère ainsi que les nombreux terrains et autres trésors légués.

    C'était beaucoup trop pour elle qui n'avait jamais eu à gérer autant de chose en si peu de temps. Habituée à rêver, la voilà à la tête d'un empire insoupçonné. Heureusement, la jeune femme pouvait compter sur l'aide et soutient de son oncle qui, grâce à ses compétences, lui avait offert son aide afin de lui éviter une noyade en bonne et dû forme.

    Mais alors que beaucoup se pressaient autour du manoir ducal, attiré par les récents événements ainsi que la réouverture des recrutements pour les multiples employés que le couple allait devoir engager pour aider au maintient du domaine, Fanny se retrouva acculée :

    - Je suis déjà mariée ! s'exclama fortement la jeune femme sourcils froncés.

    - Vos parents vous ont fiancé à moi ! retentit une voix qu'ils ne pensaient plus jamais entendre.

    McEwan. 

    Un grognement sourd remonta le long de la gorge de Sebastian, tel un animal prêt à sauter sur son ennemi pour défendre les siens. L'aura qui se dégagea de lui fit se retourner de nombreuses têtes.

    Sa colère explosa au moment où ses craintes se confirmèrent : Fanny était tenue en joug par McEwan, armé d'un pistolet à cran d'arrêt, canon allongé et cannelé, de forme octogonale à la sortie. Le tout en fer travaillé, caractéristique des hauts gradés écossais.

    L'index sur la gâchette, il était prêt à tirer sur la jeune femme qui ne cillait pas.

    Dieu qu'elle était incroyablement séduisante. Le regard déterminé, le corps droit et la respiration calme, rien en elle ne trahissait une quelconque panique ou un quelconque effroi de la situation. Bon nombre de femmes se seraient pâmées face à cette situation. Mais pas elle, non elle était telle une guerrière étudiant son adversaire, attendant qu'il fasse le premier pas.

    Elle sentit la présence de son mari tout près, mais ne put bouger car le moindre faux mouvement de sa part et elle serai fini. Ils le savaient et le démon ne bougea pas. Il ne voulait risquer la vie de la jeune mariée. Aussi se plaça t-il en retrait, attendant un signe d'elle.

    - Et je suppose que votre mari n'est autre que ce valet qui nous a menacé le soir du bal chez la Reine ?! éructa l'écossais en armant son pistolet.

    - En effet Messire, c'est bien lui. Et sachez, monsieur, qu'il n'est point valet mais Majordome Royal. De plus il est Seigneur de ces terres et rattaché aux armées Royales dont il en a la charge. répondit-elle calmement.

    On pouvait y sentir de la fierté, ce qui remplit le cœur de ce dernier qui battait la chamade pour cette Amazone qui se tenait fièrement devant lui, défendant son honneur et leur couple.

    - Ah ! s'exclama l'écossais en riant grassement. Vous n'allez tout de même pas me dire que ce chien a été gracié par la royauté et qu'il a obtenu un rang plus haut que le miens ? Je ne vous crois pas Madame !

    - Eh bien demandez le lui vous-même, monsieur, je suis sûr que mon mari ici présent sera heureux de vous répondre. réparti t-elle un sourire moqueur releva un coin de sa bouche.

    Une main se posa sur l'épaule de McEwan qui sursauta.

    - Vous ai-je manqué Messire ?

    L'écossais eut un mouvement de recule et dévisagea le majordome qui s'avança vers sa femme lui tendant une main aimante. Elle la lui prit pour ensuite glisser son bras autour de sa taille, se calant amoureusement contre lui qui déposa un baiser fier sur sa tempe.

    - Tu es sublime. dit-il.

    - N'est-ce point ? Je tiens ça de vous mon cher mari. gloussa t-elle en lui offrant son plus beau sourire. Il le lui rendit, une lueur espiègle dans les yeux qu'elle affectionnait. C'était signe d'un jeu dangereux imminent et d'un désir ravageur.

    Durant leurs premiers jours en tant que mari et femme, ils avaient eut beaucoup de temps pour se retrouver et pour apprendre. Aussi, avaient-ils joué à se défier et à se défier encore jusqu'à ce qu'ils ne sachent plus quoi mettre en jeu.

    L'écossais ne loupa aucunement la scène qui se déroulait devant lui, ce qui l'énerva encore plus.

    - Ne m'ignorez pas ! Je suis toujours armé ! cracha t-il, tentant de les menacer.

    Mais c'était vain de sa part de le croire, car le couple marié ne bronchait pas. Ils se regardaient amoureusement, ce qui l’écœurait au plus haut point.

    Il arma son pistolet d'officier, levant la gâchette prêt à tirer.

    Fanny ne tiqua pas, ce qui fit enrager McEwan qui tira.

    Soudain, blême, il regarda le couple qui n'avait toujours pas bougé. Fanny le regarda fixement, comme si elle était touchée par la balle du pistolet. Mais ce qu'il vit lui glaça encore plus le sang.

    Sebastian tenait entre son index et son majeur gauche, la petite balle de plomb et poussa un long soupir las.

    - Voyez-vous ma chère femme, c'est pour cela que je ne veux plus vous laisser seule, car ce genre de chose peut vous arriver. la gronda t-il gentiment en lui montrant la petite balle toujours tenue entre ses doigts.

    - Vous m'envoyez désolée mon cher mari. Je ne pensai point à mal en voulant agir à ma guise. répondit-elle d'une voix neutre.

    Tout deux se tournèrent vers l'écossais qui tenait toujours son pistolet à bout de bras, tremblant de rage.

    Les joues rouges de fureur, il arma à nouveau son pistolet en le bourrant vivement de poudre et en y glissant une nouvelle bille de plomb. Mais avant même qu'il ai pu armer l'engin, Sebastian le lui subtilisa et le démonta. Chaque pièce fut étalée soigneusement sur le sol.

    Fanny jubila intérieurement de voir ce chien dans cette position. Mais elle se garda bien de réagir pour ne pas énerver encore plus ce taré qui se jeta sur Sebastian.

    Il dévia son corps, laissant l'écossais s'étaler de tout son long sur le sol pavé de la cour du manoir.

    McEwan tourna la tête vers Sebastian qui le regarda avec dédain. Il tenta de se lever, mais son manque de pratique l'handicapait plus qu'autre chose, il peina à se redresser. La rage qui s’échappait de son corps pouvait être imagée par de la vapeur sortant de chacun des pores de son visage. Fanny vint se placer entre lui et son mari.

    Elle le toisa de toute sa taille, puissante guerrière elle le défia telle une Amazone :

    - Retenez bien ceci, Messire McEwan. trancha sa voix froide. Vous n'êtes point fiancé, ni ami ou encore moins prétendant. Je suis mariée à l'homme le plus respecté et respectable qui soit. Et si il vous vient de retenter ce genre d'attaque, vous croupirez non pas à la Tour, mais dans les geôles de votre propre pays qui, de mémoire, sont pires que les nôtres. Sur ce, je vous souhaite la bonne journée et bon vent chez vous.

    Mais il n'avait dit son dernier mot. Alors, tel le lâche qu'il était, McEwan sortie un coutelas de sa botte et poignarda Fanny dans la cuisse.

    Cette dernière hurla de douleur, jurant tout les noms d'oiseaux aussi colorés les uns que les autres. Insultant l'insecte qui avait osé la toucher. Mais ce ne fut rien face à la fureur dévastatrice et mortelle de Sebastian qui fonça droit sur McEwan, lui pénétrant le corps de sa main. Il lui arracha le cœur de la poitrine, à la vue de tous.

     Il brandit l'organe palpitant, laissant retomber le corps sans vie de l'écossais. Ses yeux avaient virés au rouge violacé, sa voix blanche déchira l'air en menaçant quiconque s'en prenait à sa femme périrait de la même manière.

    Personne n'osa aider le pauvre homme mort, ni défier le célèbre Majordome Royal.

    Il jeta l'organe qu'il tua d'un lancé adroit de couteau, le transperçant de part en part.

    Sebastian se jeta sur sa femme qui se tenait la cuisse, jurant contre le mort, souhaitant que son voyage vers l'Enfer lui soit le plus effroyable possible.

    Il releva un pan de sa robe afin d'en examiner la plaie, cette dernière ne sembla pas profonde mais le couteau était assez rouillé aussi se devait-il de lui administrer quelques soins d'urgence.

    Sebastian refusa qu'on ne la touche, aussi la souleva t-il dans ses bras, prenant bien soin de ne pas toucher l'arme fichée dans sa cuisse.

     

    [...]

     

    Le couteau avait été retiré, la plaie nettoyée et il lui avait fait des points.

    Elle devait se reposer pour les jours à venir.

    Oh elle pouvait se fier à son mari bourré de talents qu'il était. De ses doigts abiles il l'avait opéré dans la cuisine, refusant que quiconque ne les approchent. Il lui conseillait de garder le lit le temps qu'elle cicatrise. Ce n'était pas pour déplaire à la jeune femme qui avait bien besoin de souffler un peu avec tout ces évènements qui ne l'avait pas laissé tranquille depuis deux mois.

     

     

    - Qu'est-ce que cela dit ? l'interrogea t-elle quand il revint dans leur chambre, chargé de courrier.

    - Vois par toi-même. lui répondit-il en souriant.

    Elle lui prit l'enveloppe et en lut à vois haute, le contenue :

     

    " Cher Lord Sebastian, 

    Nous avions appris sa fuite de la Tour, aussi nous avons contacté nos cousins du Nord afin de les prévenir. Mais pour toute réponse, ces derniers nous on dit que jamais ils n'avaient connu un "Prince" s'appelant McEwan, ni même correspondant à ce descriptif.

    Aussi nous les prévenons quand même de ce regrettable accident et nous leur renverrons ses effets.

     

    Bien à vous et du repos pour notre chère Fanny."

     

    Elle fronça les sourcils tendant la lettre au démon qui la plaça dans sa veste. Il s'installa sur le bord du lit et scruta sa belle.

    - Fanny...

    - Ils ne le connaissent pas... Comment cela ce peut ?

    - J'ai mené mon enquête sur lui. Il s'avère que ce n'est rien d'autre qu'un fils de voleur. Il a grandit parmi les écossais, effectivement, mais dans le bas peuple. Il s'est forgé seul, apprenant les langues, la diplomatie, l'art de manipuler les gens, etc...

     

    Fanny soupira, cette histoire était du passée, même si elle aurai voulu que cela ce passe autrement.

    Sebastian sortie de la chambre pour ordonner aux quelques personnes qu'il avait lui-même engagé, de fermer le manoir ainsi que de rentrer chez eux pour le soir.

    Il revint se déshabiller pour s'engouffrer sous les draps. Fanny se tourna vers lui afin de s’engouffrer dans le cercle protecteur de ses bras, prenant soin à ne pas bouger beaucoup sa cuisse blessée.

    - Tu as été très courageuse aujourd'hui. Mais tu sais, tu devrais me parler quand ça va pas. Je suis ton mari mais avant tout ton confident. lui dit-il en embrassant le sommet de sa tête.

    - Je sais... je ne voulais juste pas t'encombrer de sujets aussi futiles. soupira t-elle.

    - Fanny, rien n'est futile ! Tant que ça te concerne, ça me concerne aussi ! s'exclama t-il.

    Sebastian se décolla légèrement de la jeune femme pour souder son regard au sien, exprimant ainsi sa colère mais aussi son respect. Fanny lui sourit gentiment et lui caressa la joue tendrement.

    - Diable que tu es beau mon redoutable mari.

    - Dieu que tu es délicieuse, ma courageuse femme.

     

    Ils gloussèrent, puis après un ultime baiser, s'endormir.

     

     ***