• Le Bal

    Londres, XIXe siècle.

     

    En pleins milieu des rues polluées de la ville, une jeune Duchesse aux allures princières, sautillait de joie.

    Le soleil de Mai faisait briller sa longue chevelure violine qui retombait en une cascade de boucles souple, sur ses épaules et dans son dos

    Son regard marron glacial scrutait avec une joie pétillante, les étales des marchands qui scandaient leurs slogans à tout va pour attirer quelques clients.

    Dieu qu'elle aimait les traverser. Elle en connaissait les moindre recoins ainsi que les shop et bistrots. Habituée de la capitale londonienne, elle aimait le calme de son domaine dans les Hampshire. La campagne douce et silencieuse lui faisait le plus grand bien mais les boutiques londoniennes étaient bien plus plaisantes encore.

    Affublée de sa robe de printemps pourpre à l'encolure basse, tel le voulait la mode anglaise de l'époque. La jeune fille sentait le vent frais faire gonfler ses jupes, élargissant son sourire.

     

    Fanny Marcopton avait reçu le matin même, une invitation de la Reine pour un bal qu'elle organisait au château. Vite ! Il lui avait fallu prévenir sa tante afin de faire les boutiques rapidement afin de trouver une robe pour cette soirée.

     

    Lady Conighan avait été la figure maternelle à laquelle elle avait pu se raccrocher quand ses propres parents avaient décidés de s'occuper de choses plus "importantes" pour eux que leur propre enfant. La jeune femme avait très peu de personnes à qui se fier ou se confier. Mais Arabelle Conighan, était son pilier. Aussi la jeune Marcopton avait pris l'habitude de la visiter souvent. Elle avait fait ses débuts en tant que jeune femme dans le Monde grâce aux soirées auxquelles sa tante lui conseillait de se présenter, jouant son chaperon afin de l'aider à évoluer dans les cercles mondains. Et quels débuts, Fanny Marcopton était une jeune femme rêveuse et intelligente, mais réservée.

    - Vite ma tante ! s'exclama la jeune femme en se précipitant vers Harrods, la galerie marchande la plus réputée de Knightsbridge.

    - Du calme ma chérie ! Ce n'est point comme ça qu'une jeune femme de bonne famille doit se tenir voyons. Excitée ou non, tu es l'image de ta famille. 

    Fanny se repris. Savoir de quelle famille elle provenait, lui procurait toujours un dégoût profond pour sa génétique. Sa tante le savait parfaitement mais s'amusait à le lui rappeler pour que sa nièce adorée sache comment garder la tête sur les épaules quand elle se trouvait à l'extérieur. Chez elle, Fanny travaillait comme une domestique, ce qui ne plaisait guère à sa mère, qui en était outrée, encore moins à son père qui ne la traitait que comme une moins que rien quand il la retrouvait salie ou alors en tenu d'homme.

    La passion de cette jeune Duchesse était la lecture, l'apprentissage, le savoir et bien sûr l'amour. Éternel romantique, elle se prenait souvent à rêver du parfait amour. Mais existait-il seulement ? Tout ce qu'elle savait été que ses parents voulaient la marier à un homme fortuné et bien plus titré qu'eux afin d'en profiter un maximum. Mais bien sûr, ils se fichaient éperdument de si il serait aussi âgé que son père ou si il était aussi jeune que son cousin Patrick qui n'avait que 8 ans.

    Tout ce qui les intéressaient était l'argent et les titres. Avoir du pouvoir s'était bien plus impactant que l'amour, n'est-ce pas ?

    - Oui ma tante. 

    Le changement d'humeur chez la jeune femme était trop visiblement pour qu'elle ne se fasse passer pour une jeune femme heureuse prête à se marier. Car oui, ses parents allaient profiter de cette soirée chez la reine Victoria pour officialiser ses épousailles non désirés avec un prince écossais. La jeune femme refusait catégoriquement de se laisser faire, elle, ce qui l'intéressait été le bal. Les belles robes, voir les couples évoluer sur la piste de danse, écouter les musiciens enchaîner les valses et toutes autres danses étrangères comme traditionnelles.

    Voir les gentlemans inviter leurs dames à danser en se pavanant, s'inclinant dans des révérences théâtrales. Entendre les éclats de rires des femmes tournoyant dans des atours aussi prestigieux les uns que les autres, brillant à la lueur des chandelles tamisant la grande salle.

    Certes, elle savait que son futur mari y serai présent avec ses parents, mais le côté grandiose de cette soirée l'intéressait beaucoup plus. La jeune femme voulait s'amuser avant de devoir subir un mari dont elle ne voulait pas et n'aimerai sans doute jamais.

    Quand toutes deux entrèrent dans le grand magasin de renom, elles se dirigèrent vers une enseigne qu'elles connaissaient bien dans la grande galerie marchande : " My Queen".

    Miss Stanford en était la propriétaire ainsi que la créatrice. C'était la jeune femme la plus talentueuse de son ère et Fanny ainsi que sa tante en étaient deux grandes admiratrices.

    Un valet les accueillis à l'entrée de la boutique, leur souhaitant la bienvenue. Il les laissa entrer tout en les dirigeant vers deux fauteuils rembourrés, recouvert d'un fin tissus de soie rose bonbon qu'affectionnait tant la maîtresse des lieux.

    Stanislas Grimsech, un architecte très réputé, mais aux idées plus que loufoques, avait été le décorateur des lieux, mais également le conjoint de la propriétaire.

    On leur servit du thé accompagné d'assortiments de biscuits en tout genre. 

    - Thé noir des Indes. déclara t-il tout en leur servant le breuvage fumant aux arômes épicés et captivants. Chacune d'elle trempa ses lèvres dans leur tasse, goûtant avec délice.

    - Exquis. Merci monsieur. dit la jeune Duchesse en saluant d'un signe de tête, le valet qui s'en retourna à ses occupations.

    Une femme apparu avec un grand sourire. Aussi fraîche qu'une petite fille durant la grande réception familiale de Noël. 

    -Vos Altesses ! s'exclama la maîtresse des lieux.

    Elle s'inclina face aux deux femmes qui se levèrent pour saluer à leur tour, comme il se doit, la jeune créatrice.

     

    - Miss Stanford ! S'exclama la tante de Fanny en serrant la jeune femme dans ses bras, lui baisant les joues avec bienveillance telles des amies qui se retrouvent.

    - Votre Altesse Marcopton. Que puis-je faire pour vous ?

    Les trois femmes s'installèrent dans les fauteuils rembourrés et fort agréable.

    - Nous sommes invitées au bal de la Reine. 

     

    Sa joie fit rire la créatrice qui lui adressa un sourire chaleureux.

    - Et bien, nous allons devoir vous trouver une tenue qui vous satisfera pour briller parmi toutes ces dames de la cour.

    Fanny frappa dans ses mains telle une enfant à Pâques.

    Toutes trois se levèrent pour s'enfoncer dans la boutique en quête de LA.

    Alors qu'elles se baladaient entre les rayonnages de robes, toutes aussi magnifique les unes que les autres ou plus... spéciales : allant des couleurs vives aux plus effacées, aux décolletés provocant jusqu'aux plus sages et aux plus fournis. Fanny fut rêveuse, elle se voyait déjà porter certaines d'entre elles pour des grandes occasions. Mais très vite, elle la vie ELLE.

    Oui, cette robe qui allait la mettre en valeur.

    - Celle-là. dit-elle en se dirigeant vers un mannequin au fond de la boutique.

    Là, se trouvait une robe à la couture provocatrice : un décolleté qui s'arrêtait entre les seins, une robe de dessous noire qui cachait que partiellement la peau de la poitrine qui pourrait être exposée. Les bretelles fines était décorées de pierre de sang, aussi rouges que le liquide vital. Le tour de taille était ceinturé d'un ruban large fait de satin noir, la robe rouge descendait jusqu'aux pieds, mais laissait très largement voir les bras, la gorge ainsi qu'une partie de la poitrine. Les dessins complexes fait d'arabesques compliqués qui représentaient des vagues furieuses durant un orage en pleine mer, donnait un aspect à la robe tout ce que recherchait Fanny.

    Posées près de la robe, une paire de bottines noires à talons étaient lacées sur le devant dans des rubans de soie. Un châle était posé négligemment sur l'épaule du mannequin de tissus qui supportait la robe. De la laine travaillée avec soin, brodé des initiales de la créatrice. Une paire de boucles d'oreilles composé de rubis étincelant et d'un bracelet de métal entrelacé, rendait le tout magique. Le côté gothique victorien de la tenue lui procurait un charme vampirique qui émoustillait la jeune Duchesse.

    - C'est celle-là que je veux. déclara t-elle déterminée.

    Miss Stanford eut un mouvement de recule, mais s'empressa de faire mander un valet afin de retirer la robe de son perchoir pour la faire essayer à la cliente fortunée qui n'avait pas lâché sa proie du regard. Un charme fou s'en dégageait, presque bestial, comme si la création pouvait exhausser un vœux trop longtemps enfoui en elle.

    Son corps répondait d'une étrange façon à l'aura que la tenue dégageait. Les deux femmes le voyaient bien, mais l’inquiétude qu'elles échangeaient bassement n’atteigne point Fanny qui passa ses doigts sur le fin tissus de la jupe.

    - Par ici Votre Altesse, l'invita une servante en la guidant vers une pièce vaste où elle pouvait s'y déshabiller et s'y changer à sa guise sans être dérangé. 

    Bon, il lui fallut un sacré moment pour se départir de sa robe d'été trop serrée et d'enfiler sommairement la tenue de soirée. Par Dieu, la robe comportait déjà un corset intégré, aussi décida t-elle de faire appel à sa tante pour lui délacer le sien.

    À elles deux, la tenue fut facilement enfilée. Puis elles sortirent de la salle d'habillage pour venir dans le salon de retouches. Le murs en face d'elle était monté de miroirs dans lesquels elle put enfin voir à quoi elle ressemblait. Le choque fut immense. Elle ne se reconnaissait plus elle-même. C'était une toute autre femme qui se tenait à présent face à elle. Une femme à la chevelure violine aux boucles folles, une robe des plus sensationnelle et mystérieuse qui lui était donné de porter.

    Alors que les couturières firent les retouches nécessaires, Fanny sentit une présence, comme un souffle sur sa nuque. Le miroir ne lui montrait personne, mais elle sentait clairement cette présence à la fois terrifiante mais également étrangement rassurante.

    Un moment de panique la fit serrer les poings jusqu'à ce que le souffle ne vienne à nouveau lui caresser le corps. La robe offrait une sécurité à la jeune femme qu'elle ne pensait pas ressentir. Le souffle ne chercha à pas à lui faire du mal, il glissa tel les mains d'un amant à la découverte de sa douce proie. Quand ce dernier s'attarda sur ses seins, ces derniers répondirent de manière inattendu. Bien sûr Fanny avait déjà entendu parler de ce genre de phénomène corporelle mais ne l'avait jamais expérimenté. Tout son corps sembla s'embraser d'un feu liquide qu'elle trouva à la fois fort désagréable et intriguant.

    Sa respiration se fit plus courte et les battements de son cœur plus rapide.

    Sa poitrine se contracta à tel point qu'elle pouvait sentir le hibou en diamant entre ses seins.

    Ce bijou était un cadeau de sa grand-mère décédée : une plaque en argent taillée en un hibou perché sur un croissant de lune, le tout recouvert de diamants blancs à l'exception des deux cavités oculaires qui se trouvèrent être rempli d'un diamant noir chacune. Le tout donnait à l'oiseau un air surnaturel qui plaisait beaucoup à Fanny. Le souffle toucha l'oiseau, elle l'avait sentit ! Un léger feulement sortie de sa bouche, faisant relever la tête à la couturière qui s'acharnait sur les plis de la robe.

    - Tout va bien Votre Altesse ? s'enquit-elle.

    - Ou...Oui, j'ai juste cru sentir votre aiguille sur mon mollet.

    - Oh pardon ! s'emporta la femme.

    D'un petit sourire, Fanny la calma en lui disant que ça devait juste être son imagination car en relevant la jupe elle ne trouva aucune marque.

    - Je suis sincèrement désolée...

    - C'est moi, fit Fanny en l'invitant à continuer. Mon imagination à dû me jouer un vilain tour. J'ai beaucoup de mal à rester immobile, cela doit être pour cela.

    Quand, après une heure à retoucher la robe, on la lui retira et la laissa se rhabiller. 

    Fanny demanda à ce que la tenue lui soit empaquetée immédiatement afin qu'elle puisse l'emporter chez elle, ce que la créatrice accepta. On lui tendit donc un sac rempli avec la tenue choisis, ses accessoires ainsi que la paire de bottes.

    Un des valets de Lady Conighan, qui les avait accompagné, récupéra le précieux paquet.

    Elle leur souhaita une bonne soirée et bonne chance avec la robe.

     

     [...]

     

    Le souffle n'avait pas quitté la jeune femme, même après avoir retiré l'étoffe. Il la suivit jusqu'à l'hôtel particulier de sa famille, non loin du château. C'était comme si il s'était fait à elle en rien de temps et ne voulait plus la lâcher, comme si il avait besoin d'elle d'une façon très... suggestive.

     

    Une fois arrivée à l'hôtel particulier, on lui prépara un bain fumant où l'on y glissa des petits sachets de plantes relaxantes. Fanny renvoya la servante et demanda à ce qu'on ne la dérange pas durant son bain.

    Après s'être assurée de bien être seule, la Duchesse se déshabilla, posa ses vêtement sur le fauteuil et se glissa dans la cuve et se laissa aller contre le bord, la tête renversée en arrière. Fanny sentait toujours le souffle sur elle, ce dernier sembla essayer de l'aider à se détendre. Il passa sur sa nuque, ses épaules, ses bras jusqu'à ce glisser sur des zones qui la firent rougir.

    - Si quelqu'un me voyait... feula t-elle honteuse de son comportement.

     

    Ce souffle était si caressant à la limite de l'érotisme à force de la frôler hors et sous l'eau. Une traîné fraîche créa des picotements délicieux. Fanny se cambra, les yeux clos, la bouche entrouverte la tête balancée en arrière, sa poitrine sortant légèrement de l'eau. Elle n'échappa au souffle qui s'amusait à varier le rythme de ses caresses sur le corps de la belle Duchesse prisonnière de ces sensations inédites.

    Mais l'instant magique se brisa quand on toqua plusieurs fois à sa porte, faisant sursauter la jeune femme dans son bain. Les joues rosies par tant de sensation, le cœur battant à tout rompre, la voix peu assurée, elle bredouilla :

    - O-oui ?

    - Fanny dépêche toi de te laver, il nous faut nous occuper de tes cheveux ! s'exclama cette douce femme qui était sa tante.

    - J'arrive tout de suite ! s'exclama la jeune femme en sortant précipitamment de la bassine, éclaboussant le sol de l'eau parfumée, attrapa un drap blanc rugueux qui se trouvait non loin de là afin d'en couvrir son corps tout entier.

    Elle se dirigea vers sa chambre pour y récupérer ses dessous et les enfiler. Fanny s’emmitoufla dans un peignoir de laine bleue puis elle alla rejoindre sa tante dans le petit salon afin qu'on l'aide à s'habiller. Le souffle se fit plus insistant quand on remplaça la robe de chambre par la robe de soirée. Fanny ressentit un agréable frisson lui remonter le long de la colonne vertébrale, faisant fleurir un doux sourire sur ses lèvres qui disparu aussi vite qu'il était apparu. Les domestiques venaient d'entrer, brisant définitivement tout moment magique qu'elle avait éprouvé depuis son retour.

    Une des suivantes de sa tante l'aida à se coiffer, créant pour l'occasion quelque chose d'aussi audacieux que la tenue qu'elle portait : ses boucles furent coiffés sur le côté, retombant à la fois sur son épaule, se répandant sur son omoplate et recouvrant partiellement un sein. ses cheveux furent tressés en forme de diadème sur sa tête, puis quelques tresses fines sur l'autre côté de son crâne dont une plus grossière qui vint relier sa chevelure.

    On l'aida ensuite à enfiler ses bottes puis elle congédia tout le monde afin d'ajouter une touche personnelle à cette tenue des plus extravagante.

    Quand elle fut de nouveau seule, Fanny tira un petit tiroir de sa coiffeuse et en sortie un écrin à bijou duquel elle en tira une paire de boucles d'oreille en rubis. Un sert-cou en velours noir autour de sa gorge et ajouta sa longue chaîne avec son hibou qui alla se loger tranquillement entre ses seins, à l'abris des regards indiscrets ou bien trop cupides. Ses longs gants noirs recouvrir ses avant bras, elle attrapa son châle s'aspergea d'un peu de parfum de Lila puis ajouta quelques touches de maquillage afin de parfaire sa tenue : du rouge dans le coin interne de l’œil, un smoky charbonneux, recourba ses longs cils. Elle brossa ses sourcils, dompta sa bouche d'un coup de pinceau pour la rendre plus séductrice avec un rouge bordeaux profond. Elle accrocha à son poignet droit, un bracelet tressé d'un métal doux. Quand elle fut fin prête, Fanny s'entoura du châle, pris sa bourse en soie et alla rejoindre sa tante.

    Ses parents étaient déjà parties, ce qui lui donnait un peu de répis. Sa tante l'attendait dans le petit salon, un verre à la main. Elle était d'une beauté inégalable dans sa robe bouffante verte émeraude et son châle noir.

    - Oh ma chérie ! s'exclama la femme en se redressant, d'un œil critique, elle étudia avec minutie la tenue pour le moins extravagante, de sa nièce.

    - Qu'en pensez-vous ma tante ? demanda la jeune femme timidement.

    - Vous êtes resplendissante ma tendre enfant. la complimenta t-elle. Y allons-nous ?

    - Oui.

     [...]

     

     

    Un valet posté à la portière du fiacre, leur tendit une main pour les aider à grimper dans l'habitacle chauffé. Une fois les deux femmes installées confortablement sur leur banquette, parmi les coussins multicolores, le cocher fit claquer son fouet dans l'air, donnant l'ordre aux deux chevaux d'avancer. Ces derniers partir dans un trot soutenue en direction du château de la Reine. Durant le trajet, Fanny et sa tante discutèrent sur cette soirée qui s'annonçait intéressante selon la tante et grandiose selon la jeune femme dont les joues colorées de rose ne manquaient pas de faire pouffer gentiment la vieille femme. 

    Il ne leur fallut qu'une vingtaine de minutes afin d'atteindre les grilles en fer forgé. Le fiacre entra dans la cour royal, rejoignant le florilège de voitures moderne ou équestre, attendant qu'on les aide à y descendre pour être présentées au maître de cérémonie qui réceptionnait noms et cartons d'invitations, pour les vérifier sur son cahier posé sur un grand pupitre en bois.

    La longue file de calèches et d'invités rendait la jeune femme anxieuse. Comme un ami prévenant, le souffle caressa les épaules de la belle Duchesse, qui s’affaissèrent immédiatement. Surprise de cette réaction, Fanny fronça un instant les sourcils, mais se laissa aller à cette attention plus que bienvenue. Le souffle resta près d'elle, lui procurant une force amie non négligeable.

     

    - Allez-vous bien mon enfant ? demanda la femme inquiète du stress que cette dernière sembla ressentir.

    - Oui, oui. Rassurez-vous ma tante, je vais bien. lui répondit-elle en fixant les valets de pieds habillés dans leurs costumes colorés aux armoiries de leur souveraine

    Quand ce fut leur tour, l'un d'eux ouvrit la porte et tendit une main que Arabelle prit pour descendre sans tomber, Fanny s'avança dans l’habitacle pour prendre l'autre main tendu et rejoignit sa tante, restant très près d'elle.

    Elles s'avancèrent toutes deux vers le maître de cérémonie et sortir chacune leurs cartons d'invitation.

    - Bien le bonsoir Mesdames, puis-je avoir vos nom, s'il vous plaît ? demanda l'homme rond à la calvitie grisonnante.

    - Je suis la Comtesse Conighan et j'accompagne ma nièce la Duchesse Marcopton. Sa famille doit déjà être présente.

    L'homme vérifia donc son inventaire de noms innombrables et plus prestigieux les uns que les autres aux titres dont le père de Fanny raffoleraient d'avoir à sa botte. Quand il les trouva, il vérifia les cartons et leur sourit en leur permettant d'entrer d'un signe de tête respectueux.

    - Passez une bonne soirée Vos Altesses. 

    - Merci, restez au chaud Monsieur. le remercia la jeune femme en exécutant une jolie révérence de circonstance.

    Touché, il lui sourit radieusement puis passa au couple suivant.

    Quand elles, Fanny en eut le souffle coupé. Tout avait été décoré dans des tons qui rappelait le printemps ainsi que l'été à venir : des lampadaires avaient été placé ci et là décoré de guirlandes de feuilles bien vertes et piquées de fleurs. Les couloirs ressemblait à une prairie enchantée tant on y sentait les fleurs et l'air chaud de la saison estivale.

    Deux valets les guidèrent vers la double portes en or massif et chêne laqué pour les faire entrer dans la grande salle de bal.

    L'orchestre exécutait une douce musique. Des couples évoluaient déjà sur la piste aménagée. Les robes des Dames de la cour étaient si imposantes, que Fanny se demanda comment elles pouvaient se mouvoir avec. Mais les gentlemans, menaient leurs partenaires avec assurance et détermination. Certaines riaient aux éclats, d'autres avaient le visage empourpré. Quand certains dansaient, d'autres étaient regroupés dans des coins par petits groupes, échangeant entre eux, bavardant de choses et d'autres. Très vite, on les mena vers une estrade où se trouvait le couple royal.

    - Votre Majesté ! fit Arabelle en s'inclinant, imité par Fanny, dans une révérence profonde, telle était la coutume.

    - Dame Conighan et la jeune Marcopton. Quel plaisir de vous voir assister à notre fête. dit la Reine d'une voix forte, pour bien se faire entendre de l'assemblée qui s'était immédiatement tournée vers les deux femmes.

    Le couple royal leur ordonna de se relever. Un homme en noir s'approcha de la Reine, lui murmurant quelque chose à l'oreille. Elle hocha la tête puis lui répondit d'un geste de la main, comme si elle le chassait telle une mouche trop insistante. Mais le drame ce produisit quand leurs regards se percutèrent. Fanny se figea et l'homme recula d'un pas. Son tint blafard, ses cheveux mi-long noir ancre, ses yeux profondément sombre, habillé dans un costume de majordome en queue-de-pie noir, lui donnait une allure... étrange. Mince et grand, il pouvait passer pour quelqu'un de faible. Ils se dévisageaient, comme si ils se connaissaient déjà.

    Le souffle se fit plus chaud autour de la jeune femme qui commença à voir trouble et à avoir la tête qui lui tournait. La Reine autorisa les deux femmes à s'en aller rejoindre leur famille.

    Sauvée par la femme de fer, Fanny ne put oublier l'homme en noir. Qui était-ce ? Que c'était-il passé ? Quand elles arrivèrent près des parents Marcopton, Fanny dû se reprendre pour afficher un masque neutre. Elle n'aimait pas que ses parents la regarde telle une marchandise prête à être vendue aux enchères pour le profit de leur vie paisible et luxuriante. Elle eut la surprise de voir un homme d'à peu près 25 ans, droit comme un i, discutant sérieusement avec ses parents. Serait-ce donc lui ? La jeune Duchesse ralentit sa marche et fronça les sourcils. Elle eut l'agréable surprise de retrouve son ami frais qui lui caressa le corps tendrement, l'encourageant à affronter sa famille et ce fiancé dont elle ne connaissait rien et qui ne lui en donnait absolument pas l'envie.

    - Ma chère sœur ! s'exclama la mère de Fanny en avisant les deux femmes se dirigeant vers eux. Vous êtes en beauté ce soir ma chère Arabelle.

    - Vous de même chère sœur. répondit poliment la vieille femme en saluant sa sœur en l'embrassant sur les joues. Mais l'ai dédaigneux qu'afficha la mère supprima tout élan affectif.

    - Ah voilà ma belle-sœur ! Comtesse Conighan, voici le Prince McEwan d'Écosse. Le fiancé de Fanny.

    - Madame. dit l'homme en prenant la main gantée de la femme pour lui faire le baise-main. C'est un honneur.

    - De même votre Altesse. répondit cette dernière en s'inclinant respectueusement.

    - Où est donc Fanny ? s'exclama la femme énervée ? Qu'avez-vous donc fait de ma fille ?!

    - Calmez-vous donc mère. répondit froidement l'intéressée en se montrant près de sa tante. Je suis là.

    - Ah vous voil-... Mais qu'est-ce donc que cette tenue ?! s’époumona la mère.

    Les cris de la femme Macropton attira l'attention sur leur petit groupe. Le prince lorgna la tenue ainsi que le décolleté de la jeune Duchesse qui lui renvoya un regard noir et glacial. D'où lui venait cette hargne et ce courage d'affronter sa famille ainsi ? Elle qui d'habitude était si effacée se montrait ce soir totalement différente. Choqués, le père et la mère, dévisagèrent leur fille. Pour la rappeler à l'ordre, une claque monumental retentit dans la salle de bal royal dont la musique s'était tue.

    Fanny avait la tête tournée sur le côté, une marque rouge sur sa joue était le témoin de la claque bruyante qui avait raisonné dans la salle. Alors qu'elle tournait la tête vers son père, le regard noir, les traits tirés par la colère, la jeune Duchesse poussa un long soupir. Défiant son paternel du regard, il leva à nouveau la main, prêt à lui en envoyer une autre. Mais, alors que le bras fondit sur son visage, il fut bloqué en l'air.

    Fanny, qui s'était protégée, tourna la tête vers son sauveur. Elle ouvrit les yeux en grands et murmura :

    - Vous...

    - Votre Altesse souhaite vous voir avec votre chaperon. l'informa t-il sombrement. Je vais vous accompagner jusqu'à Elle.

    Fanny ne répondit rien, hochant simplement la tête. Il se tourna à demi vers la jeune femme qui s'était accrochée à sa veste, timidement.

    - Baissez votre bras, Monsieur. demanda t-elle.

    Il hocha la tête et recula, protégeant la jeune femme derrière lui, faisant signe à la tante de le précéder, elle ne se fit pas prier et déguerpie rapidement, suivit par sa nièce qui lui avait attrapé le bras pour se rassurer. Le Prince chercha à lui mettre la main dessus, se vit vite être intercepté par le Majordome qui s'était placé entre les deux femmes et lui.

    - Je vous interdit de vous mettre entre moi et ma future femme. Ses parents me l'ont vendu ! J'ai le droit d'en faire ce que je veux ! s'exclama mécontent l'écossais. Mais la voix forte de la Reine glaça tout le monde.

    - Que diable ce passe t-il donc ? Sebastian, nous vous avons sommé de nous ramener la jeune Duchesse Marcopton ainsi que son chaperon Dame Conighan !

    - Veuillez m'excuser Majesté, mais il se trouve que l'on me barre la route. répondit le Majordome d'une voix si glaçante que même le couple royale en trembla.

    Fanny se défit de sa tante et posa sa main sur le biceps de l'homme avec douceur. Il tourna la tête vers elle. Étudia cette humaine inconsciente qui le perturbait depuis quelques heures déjà.

    - Laissez Monsieur. Ne fâchons pas la Reine pour si peu. l'implora t-elle d'un demi sourire.

    Sebastian accepta, il repoussa violemment le Prince qui alla s'écraser contre une table plus loin sous les cris de plusieurs femmes.

    Il proposa son bras aux deux femmes qui acceptèrent et vinrent s'y accrocher comme si leurs vies en dépendaient.

    - Mesdames, nous voudrions vous avoir à nos côtés pour le dîner. annonça le Roi en souriant gentiment.

    - Votre Majesté... Ma nièce et moi serions plus qu'honorées.

    - Ce serai un honneur, effectivement. 

    La reine fit signe à son majordome d'accompagner la pauvre jeune fille, dans ses appartements et de quémander le médecin royal pour soigner sa joue qui avait changée de couleur.

    - Je m'en occupe. affirma t-il en présentant de nouveau son bras à la Duchesse quelques peu secouée.

    - Votre tante restera avec nous. lui assura le Roi en la chassant gentiment de la main.

    Elle s'inclina et s'en alla.

    Il la fit sortir de la salle sous les regards furieux de sa famille et de son futur mari, en se faufilant derrière les grands fauteuils royaux, par une porte dérobée.

    Il lui pris la main et la dirigea vers les appartements de la Reine. Mais alors qu'ils allaient vers ces derniers, le souffle se glaça et l'étrangla. Fanny battit des mains, cherchant à respirer. Que ce passait-il ?

    L'homme sentit la détresse chez la jeune femme et se retourna pour la voir blêmir sans raison, manquant de s'étouffer. Fronçant les sourcils, il la porta dans ses bras pour l'emporter dans une chambre qui n'avait rien de royal, tout au plus une chambre de bonne si l'on en croit la décoration inexistante.

    Tout en la détaillant, le majordome tiqua sur un détail : la robe.

     

    - Je vois que vous portez mon présent. 

    Son regard fut attiré par la chaîne en argent qui descendait entre ses seins. Intrigué, il tira délicatement sur le collier pour en faire sortir l'oiseau nocturne qui réagit immédiatement à son touché. L'oiseau commença à battre des ailes, hululant avec force comme pour protéger la belle qui suffoquait encore sur le lit.

    - Bonjour à toi aussi Cylur. dit l'homme à l'oiseau nocturne.

    - Que me veux-tu Tairen ? s'exclama l'oiseau. Pourquoi avoir attaqué ma maîtresse ?

    L'homme se figea, son regard noir étincelant passa de la jeune femme allongée et l'oiseau qui s'était perché tout près d'eux.

    - Ta maîtresse ? Aurais-tu pactisé avec cette femme ?

    - Bien sûr que non ! Sa grand-mère me l'a confié quand elle était sur son lit de mort. Tu sais très bien que je ne l'aurai pas touchée, pour rien au monde ! se défendit l'oiseau qui se sentit outré.

    Fanny sembla hypnotisée par le cercle rouge qui entourait l'iris noir abyssal du jeune homme. Elle tenta de se lever, bien qu'essoufflée, elle voulait savoir pourquoi tout en elle réagissait à cet homme étrange.

    - Votre Altesse ! s'écria l'oiseau de diamants, ne vous en approchez pas, il risquerait de vous faire du mal !

    Elle ignora l'avertissement de son gardien et se releva tant bien que mal, du lit pour s'approcher de l'homme qui recula d'un pas, pris au dépourvu. Ils se détaillèrent, comme deux duellistes cherchant à savoir qui des deux ferait le premier pas.

    - Vous devriez écouter cet oiseau de malheur. gronda t-il. Je pourrai vous réduire en charpie.

    - Je n'en ferai rien, tout comme vous. murmura t-elle d'une voix posée.

    - Qu'avez-vous dit ? 

    Fanny leva lentement une main pour venir la poser sur la joue lisse et blanche de cet créature forte étrange qui ne cessait de la chambouler depuis le début de cette soirée.

    - Que faites-vous ! rugit-il en lui attrapant violemment le poignet.

    - Qui êtes-vous ? murmura t-elle en le dévisageant, plantant ses yeux glacés dans le noir chaotique de l'homme. Pourquoi suis-je aussi attirée et mal à l'aise près de vous ?

    La franchise de Fanny choqua l'homme autant que l'oiseau qui continuait à piailler pour qu'elle s'en éloigne. Son regard noir plongea dans la glace de Fanny qui le happa sans vraiment en avoir conscience.

    " Margaret, votre petite fille est une perle rare. Ils seront bien ensemble. Mais avoir autorisé ses parents à gérer sa vie marital, n'était-ce pas un peu cruel de votre part ?" pensa l'oiseau en son fort intérieur.

    L'oiseau battit des ailes pour attirer l'attention du couple qui se dévisageait avec attention.

    - Oh mon dieu ! s'exclama l'oiseau. Que vous est-il arrivé à la joue ?!

    L'intervention de l'oiseau magique interrompit les deux duellistes qui se figèrent, réalisant qu'un détail les avaient conduit jusqu'ici.

    - Venez vous asseoir. 

    Fanny obéit et alla se rasseoir sur le lit tandis que Sebastian s'affaira dans la chambre, qui devait probablement être la sienne. Il récupéra une petite mallette qui ressemblait à une mallette de soin et sortie d'un placard une petite bassine qu'il rempli d'eau froide. Il trempa un linge et tapota légèrement la joue engourdie avec professionnalisme.

    Il était concentré sur sa tâche, comme si il était habitué à soigner des gens. Elle le regarda faire, étudiant ainsi de près son profil.

    Il avait des yeux noir ancre cerclé d'un anneau rouge bordeaux. Ses cheveux soigneusement coiffés étaient laissé libre, sans artifices. Son nez droit lui conférait un semblait d'air aristocrate, ses joues lisses donnèrent envie à Fanny de les caresser du bout des doigts, quand à sa bouche... Elle était à s'en pâmer tant elle était fine mais dur, était-il malade pour avoir ce teint si blanc ?

    Sans avoir le moindre contrôle sur son corps, elle posa une main à plat sur le front de se dernier qui se figea durant un quart de seconde avant de se reculer vivement. Il la regarda sévèrement.

    - Qu'est-ce que vous faites ? 

    - Êtes-vous malade, Monsieur ? l'interrogea t-elle inquiète.

    Il la dévisagea étonné.  L'oiseau et l'homme partirent dans un fou rire incontrôlable.

    Elle les regarda tour à tour, cherchant à comprendre pourquoi ils se moquaient d'elle. 

    - Puis-je savoir pourquoi vous vous moquez tout les deux ? demanda t-elle.

     

    Quand l'oiseau se fut calmé, il ouvrit le bec, mais Sebastian l'interrompis d'un geste de la main.

    -  Votre Altesse. restez tranquille, je dois soigner cette joue et vous raccompagner auprès de la Reine.

    Une fois ses soins terminés et la couleur diminuée, il se redressa de toute sa taille pour lui dire d'une voix vibrante de colère :

    - Mais sachez Votre Altesse, que vous m'appartenez. Je n'autoriserai pas ces fiançailles.

    Fanny le toisa du regard et sentit le souffle de nouveau caresser sa peau avec douceur, le regard du majordome se fit glacial, mais le cercle rouge brillait d'une lueur possessive qui alla de paire avec la douceur des caresses soufflés sur sa peau. Son corps réagit tout seul et sans autre forme de cérémonie elle l'embrassa à pleine bouche, entourant ses larges épaules de ses bras.

    Surpris et trop choqué pour réagir, il se laissa donc embrasser, il encercla sa taille d'un bras, plaquant son corps souple et ferme contre le siens dur et démoniaque. Attrapa la nuque de la belle Duchesse pour y glisser ses doigts dans sa chevelure et lui tira la tête vers l'arrière, arrachant un gémissement à cette dernière qui se cramponna à ses épaules. Il pénétra sa bouche, fondant sur sa langue pour lui livrer bataille.  

    - Fanny... gémit-il contre les lèvres rouges de la jeune femme qui l'affamèrent tel un brasier sur lequel on aurai rajouté de l'huile.

    Elle se laissa aller contre lui. Tout son être lui ordonna de partir, de s'enfuir loin, mais depuis que ce souffle l'avait touché elle se sentait lié à lui d'une manière qu'elle ne soupçonnait pas. Trop vite, ils se séparèrent. Essoufflés, ils se regardèrent un temps, Fanny se dégagea et sortie précipitamment de la chambre.

    Le hibou regarda sa maîtresse fuir le majordome sans rien dire. Il battit des ailes en disant :

    - Elle ne te reconnait pas.

    - Je sais Cylur.

    - On sait tout les deux que tu n'as plus passé de pacte depuis longtemps. Fit l'oiseau en le scrutant. Tout ça pour ne pas te faire détester de cette petite fille qui t'as sauvé il y a 10 ans de ça.

    - Ne me raconte pas les faits, je connais l'histoire. Je sais déjà tout ça... Sa tante m'a reconnu, pas sa famille.

    - Une chance pour toi, mais tu devrais te dépêcher de lui faire retrouver la mémoire.

     [...]

    L'oiseau disparue, retournant s'accrocher au bout de la chaîne d'argent que Fanny sentit peser contrer elle.

    " Je suis revenu, jeune demoiselle."

    "Bon retour Cylur." dit Fanny en caressant le pendentif avant de le replacer dans son décolleté.

     

    Fanny était habituée aux apparitions de ce bel oiseau depuis que sa grand-mère lui avait expliqué que le monde dans lequel elles vivaient n'était pas celui qu'elles pensaient être. Enfant, Fanny avait écouté attentivement les histoires racontées par sa grand-mère, en grandissant elle avait était attiré par la magie de ces histoires jusqu'à ce qu'au décès de sa grand-mère, celle-ci ne lui confie l'oiseau.

     

    Elle frissonna, se frottant les biceps. Deux grandes mains se posèrent sur ses épaules. Un corps grand et fin lui fit de l'ombre. Elle releva la tête et croisa le regard sauvage et diabolique du majordome qui la toisa... différemment.

    - Votre Altesse, je vais vous raccompagner jusqu'à la Reine. Votre tante doit avoir votre châle. dit-il en lui présentant son bras.

    Fanny accepta et glissa ses doigts fins sur la manche de ce dernier, se laissant guider à travers les couloirs pour arriver dans la grande salle de bal. Son entrée ne passa pas inaperçu, accrochée au bras d'un majordome royal.

    - Ah ma chère Fanny ! s'exclama la Reine en souriant de toutes ses dents. Avez vous pus faire soigner cette meurtrissure ?

    - Oui Majesté. répondit cette dernière en s'écartant du majordome qui regretta de ne point l'avoir retenu contre lui.

    Elle s'inclina devant la royauté et alla retrouver sa tante.

     

     [...]

     

    Durant toute la soirée, elle l’aperçu, tantôt occupé, tantôt en pleine discussion, servant à boire ou à manger, veillant au bon déroulement du dîner ainsi que du travail des servantes et laquais qui défilaient les bras chargés de différents plats.

    De temps à autres, leurs regards se percutèrent, ce qui ne passa pas inaperçu auprès de la famille Marcopton. Ces derniers fâchés de ne pas avoir été invité à la place d'honneur auprès du couple Royal, cherchaient à avoir leur attention afin de porter leur plainte devant tout les invités, mais furent superbement ignorés.

    On recula les tables afin d’agrandir la piste et les musiciens entamèrent une polka entraînante qui enflamma les danseurs, mêmes les plus aguerris se sentirent tels de jeunes fougueux.

    Un homme, d'un âge assez mûr, s'approcha de Fanny. Bien éméché par les toast portés au couple Royal, l'homme lui adressa une révérence quelque peu bancal qui fit pouffer la jeune Duchesse.

    - M'accorderiez vous cette danse Mademoiselle ? 

    Fanny gloussa et lui tendit sa main, l'accompagna sur la piste improvisée.

    Elle éclata de rire, non sans quelques grimaces. Trop éméché, l'homme lui avait écrasé les pieds au moins une bonne dizaine de fois durant toute la danse. La jeune femme avait mal, mais s'en fichait tant elle trouvait ça drôle. Son cavalier changea, elle se trouva avec un plus jeune qui était tout aussi éméché que le précédent.

    Elle riait aux éclats, comprenant enfin ce que ressentaient les femmes tournoyant dans leurs belles robes aux bras de leurs partenaires. L'insouciance, la joie portée par la musique, etc... Mais soudain, quand elle changea de partenaire, elle tomba sur McEwan, son "fiancé".

    Prise de panique, elle tenta de fuir, se débattant dans le cercle de ses bras qui la serrait beaucoup trop fort contre lui.

    - Vous voilà toute à moi ma chère. susurra t-il en fondant son regard lourd de sens dans le sien apeuré. Elle fut happé dans ce gouffre d'avidité qu'il ne dissimulait pas.

    - Veuillez me lâcher monsieur. tenta t-elle en fronçant les sourcils. Que mes parents souhaitent vous avoir pour gendre, n'est uniquement pour vos titres et richesses.

    - Oh mais croyez bien que je le sais ça. Mais je gagne au change avec vous. Vous êtes d'une beauté à couper le souffle, de plus même si vous ne m'aimez pas, vous me donnerez quand bien même, de beaux enfants.

    Cette phrase eut pour effet de lui donner des haut-de-cœur. Elle ne se sentait pas bien.

    - Veuillez me lâcher s'il vous plaît. Le supplia t-elle en portant une main devant sa bouche, retenant une nausée puissante qui la menaçait.

    - Oh non ma belle, vous allez continuer à danser avec moi et nous officialiserons notre mariage à la fin de cette musique. annonça t-il, le regard furieux, luisant de cette envie qu'elle connaissait bien pour en avoir entendu parlé.

    - Lâchez moi ! s'époumona t-elle au bord des larmes. Je ne vous épouserez jamais !

    Alors qu'il commençait à perdre patience, les danseurs eux s'étaient de plus en plus éloignés du couple qui se disputait.

    Fanny se débattit, cherchant une ouverture pour lui faire faux-bond, mais impossible, il la serrait trop fort contre lui, écrasant sa poitrine contre son torse. 

    Plus il insistait, plus la jeune femme avait peur et voulait vomir.

    D'un coup, le Prince écossais plongea dans son cou et embrassa les seins de la jeune femme qui poussa un hurlement affolée.

    L'homme vola à travers la pièce, sous les cris horrifiés de la jeune Duchesse, ainsi que des spectateurs effrayés.

    - Sebastian... gémit-elle, tremblante de peur.

    Il se tourna vers elle et se figea. Son maquillage avait un peu coulé sur ses joues, ses yeux affolés avaient du mal à se concentrer sur quoi que ce soit, son corps tremblait comme une feuille sous le vent. Mais ce qui le rendit fou de rage, fut la marque sur sa poitrine. Car oui, le Prince l'avait marqué. 

    La colère bouillonnait dans ses veines, ses dents s'allongèrent, ses yeux changèrent de couleur, ses griffes poussèrent. La petite voix de Fanny coupa court à sa transformation. 

    - Maître Klenglow ! tonna la voix du Roi furieux, veuillez emmener la jeune Duchesse Marcopton dans les appartements de la Reine ! Nous vous y enverrons sa tante sous peu.

    - Oui votre Altesse. 

     

    Il rattrapa la jeune femme qui venait se réfugier contre lui.

    Un long frisson lui remonta l'échine, mais il se repris et murmura à la jeune femme :

    - Cylur, nous allons avoir besoin de toi.

    L'oiseau fit vibrer la chaîne en argent autour du cou de la jeune femme, répondant à l'homme.

    - Tenez bon Fanny, vous êtes à moi. Je ne laisserai personne vous approcher ni vous blesser.

    Sur ces mots, il l'emporta cette fois dans les appartements de la Reine.

    Cette fois, il était assuré que cette jeune femme serai sienne. Le testament serai respecté et il pourra enfin récupérer ce qu'on lui a arraché, fallait-il encore faire retrouver la mémoire à la jeune fille dans ses bras qui ne reconnaissait plus son visage...

     

     ***