• Partie 9

     

     

    L'orage grondait fort, la pluie tombait telle une cascade ininterrompue.

     

    Fluke et Earth marchaient main dans la main sous la pluie battante, le regard furieux luisant d'une colère si noir que le premier qui oserait les défier pourrait en mourir sans qu'ils ne le touchent.

     

    L'ombre propulsée par les lampadaires sur les murs de la rue donnaient aux deux garçons des sortes d'ailes noires de démons vengeurs.

     

    - Elle paiera.

    - Elle mourra.

     

    Leurs pas raisonnaient lourdement, remontant la rue jusqu'à l'endroit où ils savaient que cette personne occupait pour les narguer.

     

     

     

    [...]

     

     

     

    Quelques jours plus tôt...

     

    Earth et Fluke avaient décidés de brider leurs sentiments envers les Loups. Ils ne voulaient pas prendre le risque de voir ces deux hommes qu'ils aimaient plus que tout, être détruit par ce sentiment qu'ils savaient réciproque. Ils avaient fait le choix de souffrir loin d'eux en gardant une certaine distance, plutôt que de les voir comment dans leurs pires cauchemars. 

     

    Toutefois les Alphas ne lâchaient pas l'affaire, bien qu'ils comprenaient la manœuvre ils ne l'acceptaient pas pour autant. Ils comprenaient la peur des deux jeunes hommes qui partageaient leur vie depuis plusieurs mois maintenant et si ils avaient d'abord hésités quand à leurs sentiments pour leurs juniors, maintenant ils étaient sûr d'eux et la frustration qu'il ressentait en se voyant rejeter chaque jour ne faisait qu'attiser cette envie primale de les posséder pour leur montrer que quoi qu'il ce passerai par la suite, ils étaient plus fort avec eux à leurs côtés que de subir ce murs froid et ce fossé creusé intentionnellement.

     

    Ohm avait supplié Fluke de ne pas le rejeter, mais les larmes de l'initié l'avait totalement déchiré au point qu'il avait arrêté d'en parler même si il était bien décidé à faire en sorte que sa souris ne cède et se donne à lui.

     

    Kao ne pouvait que donner raison à son frère pour se retrouver dans la même situation. Son cœur saignait et bien qu'il pouvait voir ce visage qu'il aimait tant, se fissurer à chacun de leur regard ou de le voir se reculer prestement quand il esquissait le moindre geste dans sa direction. Cette souffrance était à deux doigts de le rendre fou.

     

    C'était, pour les Loups, la première fois qu'ils tombaient amoureux et du même sexe qui plus est.

     

    Leur vigilance s'en trouva affecté et leur maîtrise de leurs émotions s'effritait. Ils ne savaient plus quoi faire et même si il demandait conseil auprès de leurs membres les plus proches, ils n'arrivaient toujours pas à y voir plus clair.

     

    Ils se sentaient impuissant et c'était bien la première fois. À quoi bon gérer un clan des plus puissant si ils devenaient de petits chatons sans défense fasse à ces deux Anges ? À quoi bon être reconnu et craint si eux-mêmes redoutaient et craignaient ces deux garçons qui leur avaient volé leurs cœurs en un regard ?

     

    Kat n'avait pas raté cette descente, cette affaiblissement des deux puissants mafieux et son plan, lentement, pris place dans son esprit machiavélique. Son sourire, de jour en jour, devenait plus grand et plus mauvais, mais les quatre hommes n'y faisaient plus attention, ils l'ignoraient... trop occupé à jouer au jeu du chat et de la souris jusqu'à ce que quelqu'un ne finisse attrapé... ou mort.

     

     

     

    [...]

     

     

     

    - Bordel ! hurla Miles planqué derrière une colonne de pierre, tirant à bout de bras sur les intrus venu pour les défier.

    - Mais qu'est-ce qu'ils foutent là ?!

    - Quelqu'un les a laissé entrer !

    - On s'occupera du traître après, il faut prévenir les Loups !

    - Earth, Fluke, où ils sont ?

    - Tu penses que ce sont eux les traîtres ? s'emporta Mark.

    - N-Non, j'ai pas dit ça, mais je ne les vois nul part.

     

    Les tirs fusèrent, des cris de blessés, des éclats de débris entourait la villa qui en l'espace d'un instant était devenue la scène la plus sanglante. Des corps s'effondraient partout du sang à profusion jonchait les parterres de fleurs, la pelouse, repeignait les murs et allait jusqu'à remplir la piscine et les bassins d'eau.

     

    Les Loups étaient sortie pour venir en renfort au niveau du grillage d'entrée, afin de sauver ceux qu'ils pouvaient, mais quand ils en tuaient trois, six débarquaient ça n'en finissait plus.

     

    - Mais que foutent-ils ici ?

    - J'en sais rien Phi, mais quelqu'un avait vraiment envie de ruiner le traité.

    - Pourvu que Less ne soit pas de la partie.

     

    Kao tira sur le bras d'un des lieutenants mineur qui semblait ne prendre aucun plaisir à les attaquer. 

     

    - Ohm ! Capture le ! Je te couvre !

    - D'accord !

     

    Le cadet sortie de sa planque et avança accroupi vers l'homme effondré sur le sol se tenant le bras en grondant de douleur. Il esquiva plusieurs balles qui finirent leur course mortelle dans la petite cabine près du grillage. Kao visait avec calme sur chacune des cibles qui se présentaient à lui ou essayaient d'abattre son frère. Il récupéra plusieurs de ses hommes blesser, leur offrant une courte fenêtre d'action pour venir se réfugier près de lui ou prendre des directions inverses pour se mettre à l'abris.

     

    - Je ne sais pas pourquoi vous nous attaquez et pourquoi vous avez brisé le traité des familles, mais je dois t'emmener pour t'interroger.

    - Quoi ? Tu te fous moi enfoiré de Loup ? C'est vous qui l'avez brisé en premier ! vociféra le blessé qui n'en revenez pas de l'audace de ce garçonnet.

     

    Mais le regard complètement perdu de Ohm fit douter l'homme blessé.

     

    - Ohm attention ! hurla son frère en tirant sur l'un des hommes qui courrait droit sur lui un poignard à la main.

     

    Il aida le lieutenant blessé à se relever et l'emporta vers son frère pour le mettre en sécurité afin de l'interroger. Il adressa un regard reconnaissant à son aîné qui continuait de vider ses chargeurs sur les différents attaquants, les abattant un à un avec froideur.

     

    - Doc ! cria Ohm en entrant dans la maison sans dessus dessous. Doc !

    - Chef ?

    - C'est le lieutenant de la famille de l'Est, Phi lui a tiré dans le bras, il faut le soigner.

    - Déposez le sur la table ici.

     

    Ohm aida l'homme à s'installer et assista autant qu'il le put le médecin tout en interrogeant le lieutenant.

     

    - Comment vous pouvez ne pas être au courant de vos propres conneries ?! hurla ce dernier en serrant les dents.

    - Mais de quoi vous parlez ?

    - Ohm !

    - Phi ! Il dit comme quoi on aurai commencé tout ça... Mais je comprends pas en quoi. Il n'y a pas eu d'activité de notre part depuis des semaines !

     

    Les deux frères se jetèrent des regards craintif de comprendre ce qu'allait pouvoir leur avouer le lieutenant.

     

    - Raconte nous tout depuis le début. ordonna l'aîné.

     

    L'homme serra le poing pour endiguer la douleur créé par la balle et dû se faire violence pour ne pas hurler quand le médecin du clan enfonça sa pince dans le trou de son bras pour en extirper la balle et s'adressa aux deux patrons dont il avait sondé le regard pour savoir si ils jouaient avec lui mais fut surpris d'y déceler une totale innocence.

     

    - On a retrouvé des femmes du bordel de mon chef, défigurées avec la marque de votre clan. Nous avons reçu plusieurs victimes, en moins d'un mois plusieurs filles ont été défigurées et des hommes presque tués. Tous vous ont désignés comme étant leurs agresseurs.  

     

    Les deux frères se dévisagèrent, de plus en plus inquiets.

     

    - Quelle marque ?

     

    L'homme fouilla dans la poche de son pantalon et tira son téléphone et chercha les photos comme preuves.

     

    Il donna son téléphone à Kao et ils purent étudier les victimes aux visages tuméfiés, la gorge rouge comme si on les avaient étranglés avec trop de force.

     

    Rien. Non, rien ne ressemblait à leur "signature".

     

    - Impossible que ce soit nous. confirma Ohm le regard froid.

    - Nous n'étranglons pas les femmes ni ne les frappons. Et je reconnaîtrais entre mille la signature de mon frère comme il reconnaîtrait la mienne. Doc ?

     

    Il lui tendit le téléphone pour avoir son avis mais quand le médecin aperçu une des victime dont on pouvait voir la carotide tranchée au point d'y voir la tête sectionnée, les yeux exorbité et des sortes de griffures sur le haut du corps, il eut un instant de recule.

     

    - Je confirme, ce n'est pas la signature des Loups, confirma t-il aux trois hommes. Mais je sais à qui elle appartient et aucun de vous ne va apprécier.

     

    Les Alphas se dévisagèrent au moment où ils prononçait ce nom. La panique défigura leurs visage et le regard brutal qu'ils avaient l'habitude de posséder était détruit par les éclats de la peur.

     

    Earth...

    Fluke...

     

    - Ils sont en danger !

     

     

     

    [...]

     

     

     

    Les coups de feu retentirent tout autour de leur appartement. 

     

    - Mais il se passe quoi ?! s'écria Earth complètement paniqué, accroupi derrière le grand canapé les mains plaquées sur les oreilles.

    - J'en sais rien, y avait pas marqué dans le planning "baston" pour aujourd'hui !

     

    Un bruit sourd d'explosion retentit jusqu'à eux, secouant leur petit immeuble. Pris d'une peur glaçante, ils se lancèrent un regard qui traduisait ce qu'ils ne voulaient pas entendre.

     

    Non, ça ne pouvait pas venir de...

     

    Bravant leur frayeur, ils se précipitèrent vers l'entrée et tentèrent de l'ouvrir.

     

    - Hein ?

    - Bah ouvre !

    - Je veux bien mais c'est bloqué !

     

    Ils tentèrent tout ce qu'ils purent pour l'ouvrir : foncer dedans, donner des coups d'épaules, de pieds, frapper de toutes leurs forces mais hormis se blesser ils ne réussirent pas à la faire céder. La panique pris de l'ampleur quand ils s'aperçurent que les coups de feu avaient cessés depuis l'explosion.

     

    En y réfléchissant bien ils firent un constat effrayant :

     

    Il y avait une fusillade de masse sur le territoire des Alphas alors que le traité signé stipulait que chaque famille faisaient la paix pour maintenir l'ordre dans la capital.

    Ensuite, une explosion venait d'avoir lieu non loin de chez eux et la peur de savoir l'endroit qui avait sauté les effrayaient au plus haut point.

    Enfin, ils voulaient sortir mais leur porte refusait de s'ouvrir peu importe ce qu'ils faisaient pour la faire céder.

     

    - Merde. gronda Earth en regardant la porte comme si de son simple regard elle pouvait s'ouvrir.

    - Attends, attends. 

     

    Le comédien étudia leur cuisine à la recherche de quelque chose qui pourrait les aider et s'arrêta sur un de ses couteaux dans le bloc de rangement. Il le prit et tenta de trafiquer la serrure mais la lame se cassa.

     

    - Merde ! pesta t-il, mais qu'est-ce qui bloque au final ?

    - Je sais pas, mais ça devient assez gonflant.

     

    Tout deux se dévisagèrent puis eurent le même déclic.

     

    - La fenêtre !

     

    Ils se précipitèrent dans le salon, l'ouvrirent et sortirent sur le petit balcon. N'habitant pas très haut, ils purent chevaucher la rambarde, l'un après l'autre pour assurer la réception sur la pelouse fraiche.

     

    Mais quand ils posèrent un pieds par terre, l'horreur confirma la pire des craintes : la villa avait explosée.

     

    Ils se mirent à courir comme des dératés pour se diriger vers la villa mais sur leur chemin, le cauchemars prenait de plus en plus de forme. Du sang partout, des impacts de balles et des corps, de plus en plus de corps jonchaient leur chemin jusqu'à ce qu'ils n'arrivent devant les ruines de l'explosion.

     

    - Oh mon dieu... Non ! Kao ! P'Kao ! hurla Earth à la recherche de son compagnon.

     

    Fluke avait les larmes au bord des yeux, si l'aîné était introuvable alors le cadet le serait probablement aussi...

     

    - Trouvons les autres, dit Fluke à son ami qui sentait déjà l'angoisse le faire suffoquer. Si on arrive à trouver Trip et les autres, on saura peut-être où sont passés les Loups.

    - Tu... Tu as raison, cherchons les.

     

    Ils se mirent donc à arpenter les débris de la villa, criant le nom de leurs amis, découvrant certains des membres avec qui ils avaient sympathisés être complètement mutilés ou brûlés.

     

    Soudain, ils aperçurent le médecin transporter des corps à bout de bras.

     

    - Docteur ! cria Earth en courant vers lui.

    - Oh dieu soit loué ! Vous êtes vivants ! s'exclama ce dernier. Où étiez-vous ?

    - Coincé sous une rafale de tirs. répondit la furie soulagée de trouver une tête connue encore accrochée à un corps en vie.

    - Phi, où sont les autres ? Où sont ILS ?

     

    Le regard du médecin devint fermé.

     

    - Quand nous avons compris qui avait lancé tout ce plan mortel, Ils ont décidé de régler cette affaire eux-mêmes, mais comme ils ne revenaient pas Trip et Miles y sont allés et aucun d'eux ne sont encore revenu...

    - De quoi vous parlez ?

     

    Alors qu'ils tentaient d'aider le médecin avec les corps, ce dernier leur raconta toute l'histoire. 

     

    - La garce.

    - Comment peut-on être si mauvais ?

    - Doc, je- Oh bordel ! Les gars !

    - P'Mark ?!

     

    Les deux jeunes amis foncèrent droit vers lui et il les prit dans ses bras soulagé de voir ses protégés en vie.

     

    - Putain j'ai cru qu'on vous avait perdu aussi !

     

    Le soulagement de retrouver certains amis ravivèrent l'espoir des deux garçons.

     

     

     

    [...]

     

     

     

    Le silence remplissait la salle de torture installé dans cet entrepôt désaffecté.

     

    Ils gardaient le silence depuis qu'ils avaient failli être presque tué durant l'attaque. Ils se gardaient bien de faire plaisir à la folle qui leur faisait fasse de plus en plus hystérique. Leurs réflexions étaient toutes tournées sur "comment sortir pour retrouver leurs compagnons et s'assurer qu'ils étaient en vie et en sécurité".

     

    - Parlez ! Pourquoi eux et pas moi ?! hurla Kat hors d'elle.

     

    Trois jours que ça durait et les Loups ne faisaient que compter les options qu'ils avaient pour se sortir de là. Attachés sur des chaises côtes à côtes, ils communiquaient à coups de clignements de paupières, de regards entendu ou de légers mouvements de corps et quand ils n'étaient pas sous torture ils observaient les environs afin de faire émerger un plan dans leurs esprits.

     

    Bientôt ils auraient assez d'informations pour monter un plan d'évasion.

     

    Earth et Fluke... en espérant qu'ils soient vivants, ne resteraient pas inactifs et c'était là la frayeur des deux Alphas.

     

    Ne faites rien, attendez nous.

     

    ***

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