• Chapitre 30

    Dans le SUV traversant le brouillard, le silence était pesant. Personne n'osait parler et chacun se concentrait sur la route ou l'itinéraire à prendre. Partit à cinq voitures, ils avaient cherché à s'assurer de pouvoir parcourir plus de terrain. 

    Kollin relisait la carte pour savoir où ils devaient se diriger à travers ce brouillard, mais Matthew, qui connaissait mieux les lieux, leur indiquait la direction, tout en gardant la trace des autres voitures derrière eux.

    Quand le brouillard commença à se dissiper, il était quasiment dix heure du matin. Le soleil ne perçait pas les nuages gris, ni la pluie qui persistait à vouloir plomber le moral de chacun.

    - On devrait arriver dans un petit village de fermiers, leur apprit Matthew qui scrutait les alentours à travers sa fenêtre.
    - Vous voulez qu'on s'arrête quelque part ?
    - Non, pas pour le moment. On devrait continuer jusqu'à ce qu'on trouve quelqu'un de... vivant.
    - Vous avez le même humour que votre fille, fit remarquer Noan.
    - Elle tient de son père, confirma le mafieux.

    Même s'ils voulaient détendre l'atmosphère tendu, ils ne pouvaient pas penser à autre chose que leur mission.

    Durant toute la journée, ils roulèrent comme s'ils savaient où ils allaient, mais c'était bien tout le contraire. Ils ne savaient pas mais cherchaient quand même un bout de civilisation. Quand la nuit commença à arriver, Matthew décida qu'il était temps de s'arrêter dans un endroit pour passer la nuit.

    - À quelques kilomètres, il y a une colline avec un cloché. On va s'arrêter là. déclara-t-il.
    - Vous voulez qu'on dorment dans le cloché ?
    - Non. On restera proche des voitures, mais on fera quand même le nettoyage.
    - Reçu chef ! s'exclamèrent les trois hommes.

    Matthew transmis ses ordres aux divers groupes au talkie et ils continuèrent leur chemin jusqu'à tomber sur le fameux cloché qui avait dû en voir passer.
    Taman se gara proche du petit bâtiment éventré par le temps et sûrement l'invasion. Tous sortirent, mais seuls quelques uns partirent en reconnaissance.

    Ils revinrent assez vite auprès de leur chef.

    - RAS Boss.
    - Okay, on peut s'établir pour la nuit. déclara le mafieux. Vérifiez le niveau des réservoirs ! On va faire un feu pour dîner et ensuite on entame nos quarts. Compris ?
    - Oui Boss !

    Comme dans une ruche bien organisée, les participants de l'expédition se répartirent les tâches pour préparer le camp afin de passer la nuit tout en sécurité.
    Mais alors que Noan se trouvait seul dans la voiture à regarder l'itinéraire du lendemain, il repensa à ce que lui avait glissé Maliya dans la poche. Il plongea sa main dedans avant de la ressortir aussitôt, complètement paniqué.

    - "Maso 1 tu m'entends ?" entendit-il dans le talkie que sa copine lui avait donné.
    - Coucou ma belle. Dis moi, tu blaguais pas pour le doudou.
    - "Noan. Comment tu as trouvé mon cadeau ?"
    - Exquis, mais si ton père me vois avec je vais me faire allumer.
    - "Alors planque le bien. Comment ça se passe ?"
    - On est en train de monter le camp pour la nuit. On a rien trouvé encore, que de la désolation. Comment ça ce passe là-bas ?
    - "On est tous perturbé, mais on va tenir. C'est que le premier jour..."

    Noan était admiratif de la façon dont elle lui montrait sa force mental.

    - "Oui, je sais, attends."
    - Maliya ? Tout va bien ?
    - "Oui, c'est juste que la bande est là et veut parler aux autres..."
    - Ah, attends, je vais sortir de la voiture.

    Noan rangea le sous-vêtement dans sa poche de pantalon et s'extirpa du véhicule pour rejoindre Taman, Kollin et Matthew ainsi que Triss et Alexis qui se trouvaient encore près du feu.

    - Noan ? 
    - Y a du monde qui veut vous parler. Maliya, tu veux qui en premier ?
    - "Papa."
    - Mia Principesca ?
    - "Papa !" s'exclama la voix de Thomas à travers le talkie.
    - Mon garçon.  Tu es sage ?
    - "Oui, j'ai aidé Maliya et Marine au potager !"
    - Je suis fier de toi. Tu fais attention à ce que je t'ai demandé ?
    - "Oui !"
    - "Papa."
    - Maliya. Je sais que c'est dur mais ce n'est que le premier jour. Comment ça se passe ?
    - "Pour l'instant on encaisse juste. Mais on s'est vite mis au travail une fis la porte fermée."
    - Ma chérie, tu trouveras tout dans mon bureau.
    - "Je sais, ne t'en fais pas. J'ai déjà regardé ce que tu m'as laissé. Faites attention à vous tous. Papa ?"
    - Ma fille ?
    - "On t'aime !" s'exclamèrent le frère et la sœur avant que la voix de Syd ne remplace les leurs.
    - Hey salut beau gosse.
    - "Salut, comment tu te sens ?"
    - En manque.
    -" Deux mois ça passe vite en général."
    - C'est ce qu'on dit, mais niveau sevrage je trouve que deux mois c'est un enfer.
    - "T'en fais pas joli cœur, une fois de retour je te lâche plus."

    Syd et Kollin pouffèrent, sans doute aussi motivés par les regards de leurs amis qui les soutenaient. Ils discutèrent encore un peu avant que Taman n'entende la voix de sa belle. Il se redressa, droit comme un i.

    - Hey, salut bébé.
    - "Tam', comment ça s'est passé ?"
    - Chiant. On a rien trouvé encore. Comment tu vas ?
    - "Je m'ennuie pas beaucoup, avec Maliya et les filles on à pas chômés."
    - Te fatigue pas trop.
    - "Sam' n'est pas encore rentré, mais tout à l'heure il m'a demandé de prendre de tes news aussi."
    - Mon futur beau-frère m'aime déjà tant que ça ? s'amusa le militaire, faisant rire ses amis.
    - "Futur beau-frère hein ? Rien que ça. C'est dur de vous voir partir, mais encore plus de pas pouvoir vous joindre autant qu'on le voudrait..."
    - Je sais bébé. C'est chiant pour nous tous ici aussi, mais comme ils arrêtent pas de dire :" c'est que la première journée" et "deux mois ça passe vite". T'en fais pas, je reviens vite.
    - "Trouvez ce que vous avez à trouver !" s'exclama Maliya en arrière fond. "Rendez-nous nos hommes !"

    Des rires retentirent autour de sa voix, trouvant échos dans leurs propres rires même si, ceux-ci se faisaient plus discret.
    Un danger semblait approcher. Noan récupéra le talkie et dit :

    - Princesse, on vous laisse, je te recontacterai plus tard.
    - "Soyez prudent."

    Elle avait compris. 

    Le ton de sa voix lui avait bien fait comprendre qu'elle avait percuté que quelque chose n'allait pas de leur côté et c'était peu dire. À peine avait-il coupé la communication qu'ils se firent envahir.

     

    [...]

     

    Depuis combien de temps tentaient-ils de joindre le groupe partit en expédition ? Des jours voir quasiment deux semaines, mais rien. Aucune réponse et le talkie semble même être HS.
    L'inquiétude monta d'un cran à chaque jour passé sans avoir de retour. Où étaient-ils ? Que leur étaient-ils arrivé ce fameux soir après leur conversation ? Si Maliya se retenait de lâcher le bourg pour foncer à leur rescousse, elle devait se contenir car ne sachant pas leur position, elle ne pouvait décemment pas partir à l'aveugle en oubliant son rôle au sein de leur communauté. Elle était la cheffe durant l'absence de son père et se refusait à lui faire faux bon.

    Thomas près d'elle, dans le bureau de leur père, la regardait inquiet. Dans la pièce étaient réuni l'équipe de Maliya, Thomas, Marine et quelques autres personnalités importantes de leur communauté. En tout une quinzaine de personne se trouvait là et attendait de savoir si le talkie allait répondre aux appels d'urgence de Maliya qui s'accrochait à lui comme à une bouée lancée en pleine tornade. Pourtant, hormis les grésillements, rien ne répondait et l'angoisse ne fit que s'accroître en eux.

    - Maliya, tu devrais te reposer, lui dit Marine.
    - Je ne peux pas. Ils sont dehors et nous n'avons aucune nouvelle depuis deux semaines. J'ai peur et je dois essayer par tous les moyens d'entrer en communication avec l'un d'entre eux. rétorqua violemment la jeune fille. Bob, où en est le réseau ?
    - J'ai pu l'élargir un peu, mais il faudrait un vrai bon raccordement comme à l'époque pour que ça soit vraiment fonctionnel, répondit le jeune homme non loin du bureau. 
    - Maliya, il fait de son mieux tu sais, tenta Kessie pour adoucir son amie qui poussa un long soupir.
    - Je sais Kess', je sais. 

    Soudain, un grésillement plus fort se fit entendre dans le talkie. 

    - Noan ? Noan, c'est toi ? Papa ? Quelqu'un ?!
    - Krfkrfkrf... le grésillement diminua avant d'augmenter de nouveau.
    - Bob !
    - Je m'en occupe.

    Le jeune homme chercha la fréquence pour clarifier l'appel jusqu'à ce qu'une voix s'exclame :

    - " Agent d'expédition ! On a été pris d'assaut ! On est coupé d'une partie de l'équipe. QG, si vous recevez ce message cherchez à nous contacter !"
    - Gabin, reconnu Lucie.
    - Gabin ! dit alors Bob. Gabin c'est Bob ! Tu m'entends ?
    - " Krfkrfkrfk... Bob ? ... Krfkrfkrf... C'est toi ?..."
    - Gabin ! Oui, c'est moi ! Bob ! Que c'est il passé ? !
    -" Krfkrfkrf... Maliya....."

    Le jeune homme tendit le talkie à son amie qui parla :


    - Gabin, je suis là. Tu m'entends ?
    - "Kfrkrfkrfkrf... Maliya ? C'est bon de... t'entendre !..."
    - Gabin, qu'est-ce qu'il c'est passé ? Ça fait deux semaines qu'on essaye de vous joindre !
    - "... attaqués... par des gens... armés... séparés..."
    - Gabin je t'entends très mal ! Qui vous a attaqué ? Où sont les autres ? Avec qui tu es ?

    Mais la conversation se stoppa, laissant un grand froid tomber sur la pièce et ses occupants qui réfléchissaient à toute vitesse à ce qu'il venait de leur dire malgré la difficulté du réseau.

    - S'ils ont été attaqué, c'est qu'il y a encore des vivants, déclara Estelle.
    - Ce qui signifie qu'on est en danger, dit Maliya. On va devoir se préparer. Je ne sais pas où ils sont, mais nous allons devoir redoubler de vigilance à partir de maintenant.
    - Maliya ! hurla Kamille qui venait d'arriver de la porte Nord en panique. Du monde arrive !
    - Tous à vos postes ! s'écria la jeune fille en récupérant son arme. On a pas une minute à perdre. Vous connaissez les règles ! Les civils doivent être planqué ainsi que les animaux ! Pour les autres, prenez vos armes et chaque équipe va à une porte ! Placez vous de façon à ce que tous les murs soient couvert pour qu'il n'y ai aucune infiltration !
    - Oui cheffe !

    Dans l'excitation, Marine et Estelle furent charger de s'occuper de planquer tout le monde.

    - Maliya !
    - Thomas, je veux que tu ailles avec Marine et Estelle et que tu ne les quittes pas jusqu'à ce que je vienne te chercher. Tu m'as compris ?
    - Mais... 
    - Tu m'as compris ?! lui cria-t-elle en le secouant par les épaules.
    - Ou-Oui.

    Elle le prit dans ses bras, lui embrassa le front et confia le garçon à son enseignante qui lui fit un signe de tête. Se comprenant, ils regardèrent Maliya partir en courant, donner ses ordres à tout va, chargeant son arme accompagnée de ses amis, prêts au combat.

    - Notre maison, notre vie, notre futur ! s'exclama-t-elle une fois devant la grille de la villa avant qu'ils ne se séparent.

    - Houha !



    ***

    Chapitre 29 - Chapitre 31