• Chapitre 31

    - Vraiment, je pensais pas qu'on se retrouverait encore séparé des autres, grommela Taman planqué dans une maison abandonnée.
    - Moi non plus. Faut qu'on trouve le Boss avant que je me fasse détruire par ma copine en rentrant...
    - Tu as encore ton talkie ?
    - Non, c'est Gabin qui l'a.
    - Gabe ? Gabe !
    - Mais ferme là ! répondit l'intéressé en revenant, le corps plié en deux pour se fondre dans les fourrées. Tiens.
    - Tu as pu les joindre ?
    - Brièvement. J'ai eu Bob puis Maliya, mais j'ai pas réussi à leur parler plus que ça. J'ai dit qu'on avait été attaqué et qu'on était séparé des autres. Mais je ne sais pas ce qu'ils ont put capter de leur côté, ça grésillait beaucoup quand ils me répondaient.
    - Bon, au moins on a eu une réponse. Mais vu qu'ils ont embarqué Michel, ça risque de finir au bourg cette merde, gronda Noan pourtant rassuré que Gabin ait put parlé à Maliya.
    - Tu veux qu'on fasse quoi chef ? demanda Theiron.

    Noan garda le silence alors que la nuit recouvrait maintenant le ciel. Son regard passa d'un sombre abyssal pour un cerclé d'orage.

    - Les Shadow Knight doivent passer à l'action, déclara-t-il.

    Tout autour de lui, ses camarades eurent la même réaction, un changement d'attitude s'opéra en eux pour une plus féroce et dangereuse. Dans le noir de la nuit, l'escouade militaire n'était enfin plus celle qu'elle était, mais elle était devenu le groupe de traqueurs assassins. Leur mission principale n'était que la survie, mais avec le temps, ils avaient fini par en trouver une autre : vivre.

    Noan devait retrouver Matthew et les autres pour les ramener au Bourg, s'assurant qu'ils allaient tous bien. Un craquement se fit non loin d'eux. Les yeux lumineux des assassins donnèrent un aspect lugubre à leur planque. D'un simple geste, le chef les fit se disperser, les écoutant se fondre dans la nature pour trouver l'origine du craquement.

    - T'as entendu ?
    - Ouais, c'est quoi ? Un animal sauvage ?
    - J'en sais rien. Allons voir.
    - Hey attends ! Regarde, c'est quoi ç-
    - Jean ? Jean ! Merde ! QG, vous m'entend-

    Deux hommes furent tués dans un silence froid, laissant leurs corps saigner abondamment sur la route bétonnée et gelée par la nuit. Un grognement affamé se fit entendre, faisant disparaître les deux tueurs pour retourner vers leur chef, observant quelques zombies venir se repaître de leur nouveau repas.

    Gabin tendit un talkie que l'un des hommes avait utilisé pour contacter leur QG, mais aucune réponse n'était arrivée, car il n'avait pas pu appuyer sur le bouton avant de mourir.

    Noan reporta son regard meurtrier sur les quelques zombies avant de s'y rendre pour les achever pendant leur dégustation saignante. Le corps couvert de sang, le regard porté au loin, il huma l'air pour tenter de trouver celle de celui qu'il cherchait.

    - Au nord, gronda sa voix profonde et rauque.

    Le petit groupe se mit en marche, restant dans l'ombre, tuant tout ceux qu'ils trouvaient : zombies ou humains, ils ne faisaient plus la différence. Tant qu'ils ne trouveraient pas l'odeur de ceux qu'ils devaient récupérer, ils tueraient sans y prêter la moindre attention. Dehors, plus rien n'était amicale. L'ennemi avait changé de visage même s'il restait humain ou du moins... qu'il l'avait été.

    Ils parcoururent des kilomètres jusqu'à ce que leur pisteur : Theiron, ne trouve la trace de Matthew.

    - Chef, gronda-t-il. Il est tout proche.
    - Le jour va se lever, rétorqua Taman.

    Le ciel commençait à s'éclaircir, signe que le matin arrivait.


    - Jetons un coup d'œil, déclara Noan. Nous nous cacherons jusqu'à la nuit tombée. Assurons-nous de trouver où ils sont retenu avant de passer à l'action.
    - Oui chef. grondèrent les militaires derrière lui.

    Encore une fois, ils se séparèrent pour couvrir un maximum de terrain, utilisant leurs aptitudes pour traquer l'odeur de leurs camarades. Ils ne leur fallut pas plus d'une heure pour reconnaître le terrain et en faire un plan assez détaillé pour mettre en place un plan de secours.

    - Planquons-nous pour l'instant.
    - J'ai vu une grange pas loin, avoua Kollin en montrant une direction.
    - On y va. 

    Ils marchèrent au pas de course jusqu'à arriver à la bâtisse en piteux état. Une rapide inspection et ils s'y faufilèrent pour s'installer à l'étage, dans la paille.

    Noan sortit le talkie que lui avait donné Maliya mais hésita à la contacter. Dans son état elle s'inquiéterait de savoir qui la contactait sur un canal privé. Non, il devait attendre que son état se calme avant de pouvoir entendre sa belle, mais d'un autre côté... Il ne pouvait pas non plus l'appeler, car il était persuadé que les hommes qui les avaient attaqué avaient mis des capteurs sur les lignes qu'ils utilisaient, ce qui lui donnerait un très gros désavantage et il ne voulait pas risquer la vie de sa copine ni de leur ville pour un simple appel rassurant.

    - Dormez, gronda-t-il en rangeant l'appareil. On va avoir besoin de nos forces cette nuit.

     

    [...]

     

    - Ça en fait du monde ! s'exclama un homme sur sa moto, un sourire arrogant fiché sur le visage, planté devant la grande porte au dessus de laquelle se trouvait Maliya.
    - On peut savoir qui vous êtes ? Pourquoi vous arrivez chez nous avec autant de monde ? C'est un siège ? lui lança-t-elle, bras croisés sur sa poitrine, observant les intrus.
    - Un siège ? Bien sûr que non. Hein les gars qu'on est pas là pour les attaquer ?!
    - Ouais, on vient prendre le thé ! rétorqua un autre à la fenêtre de sa caisse défoncée qui avait dû en voir de la route.
    - Vous voyez ?
    - Ouais je vais y croire comme quand Blanche Neige dit avoir parlé aux animaux de la forêt !
    - Hein ? Elle raconte quoi celle-là ?
    - J'en sais rien. He ma belle, y a que des femmes et des enfants ici ? Je vois aucun homme !
    - Qui a dit qu'on avait besoin d'hommes pour nous défendre ? lança Kessie en levant les yeux au ciel, excédée par cette répartie machiste.
    - Oua, mais c'est qu'elle a du mordant la petite, j'aime ça.

    Les écoutant rire ne faisait qu'augmenter l'envie mortel de Maliya de mettre un terme à tout ça, mais... Et s'ils étaient juste de passage ?

    Soudain, Maliya se figea quand quelqu'un s'approcha pour lui murmurer quelque chose à l'oreille, alertant les intrus qu'il se tramait quelque chose. L'attitude de cette dernière changea et elle quitta son poste d'observation. Il lui fallut un temps avant qu'on ne lui ouvre la grande porte. Pensant qu'ils avaient obtenu le droit d'investir les lieux, ils s'amusaient déjà jusqu'à ce que la jeune fille ne pointe un flingue et tire sur le motard dont la tête explosa en mille morceaux.

    - Merde ! Que... Salope pourquoi t'as fait ça ?!
    - Saryd, tu vas bien ? dit-elle.
    - Cheffe, souffla un homme en piteux état, enchaîné à l'arrière d'un gros 4x4. 
    - Merde, butez les !
    - Saryd. ordonna la jeune fille, levant son bras en l'air avant de claquer ses doigts.

    L'homme, bien qu'épuisé, se jeta de là où il se trouvait, se prenant un coup au passage avant que le Bourg n'attaque en envoyant une salve de tires meurtriers, ne laissant aucun survivant.
    Elle s'avança vers l'homme avec Syd pour aider l'homme à rentrer au bourg.

    - Assurez-vous qu'il n'en reste pas un ! ordonna Maliya. Pillez le tout et rentrez ce qui peut être utile, brûlez les caisses et les motos.
    - Tu es sûr qu'on en aura pas besoin ?
    - Si, mais je préfère être prudente.
    - Allez les gars ! Au boulot ! 

    La ruche se mit en activité et une grande flambée recouvrit le devant de la grande porte. Syd et quelques hommes se mirent à creuser des trous assez profonds pour que le feu ne s'étende pas jusqu'à eux, enterrant ainsi les véhicules.

    Dans le bourg, on rassembla tout ce que les habitants avaient pu récupérer avant que le tout ne soit cramé. On répertoria minutieusement les rations, les armes et munitions, les moyens de communications, etc... Tout ce qui était utile serait mit en pièce pour que le tout soit étudié et mis dans la réserve pour être utilisé plus tard. Quand à la nourriture, elle allait être examinée, triée et jetée si l'on découvrait quelque chose qui pourrait être dangereux ou mauvais. Dans les affaires de ceux qui s'en étaient pris à Saryd, on trouva des médicaments. Lucie, restée sur place, avait été sollicitée pour s'en occuper et les répertorier.

    Tel un véritable essaim bien organisé, le bourg s'était mis en marche pour s'assurer que rien n'était laissé au hasard. 

    Mais pendant que les habitants du bourg s'occupait de tout ça sous les ordres et le regard de Maliya, Kessie s'approcha de son amie.

    - Qu'est-ce que t'en pense ?
    - Je pense qu'ils sont dans la merde et qu'on peut même pas leur venir en aide sans mettre en danger notre maison, répondit Maliya, bras croisés sur sa poitrine, le regard féroce.
    - Tu n'as pas réussi à l'appeler ?
    - Non et mon père non plus...

    Kessie posa sa tête sur l'épaule de son amie, un bras autour de sa taille pour lui indiquer tout son soutien vis à vis de la situation.

    - Kess', j'ai besoin qu'on me dise que tout aille bien.

    Maliya n'avait pas bronché, regardant la petite ville s'agiter, le regard sombre avec des paillettes de larmes qui menaçaient de couler sur ses joues.

    - Oh ma belle ! Tout ira bien, tu vas voir ! Ils ont dû avoir un accrochage, mais tu sais comment ils sont fait. Ils vont tout défoncer, trouver ce qu'il nous faut et rentrer en moins de deux ! lui dit la jeune fille. On est là, t'en fais pas. Thomas est un bon petit gars et il n'a d'yeux que pour toi. Tu es son modèle.
    - Un modèle qui se sent vide et perdu.

    Kessie comprenait où elle voulait en venir et ne savait pas trop comment consoler cette petite fille qui attendait le retour de son père partit au front. Cette femme qui attendait que sa moitié ne passe le pas de la porte avec un grand sourire en disant "chérie je suis rentré !" la bouche en cœur avec un bouquet à la main pour se faire pardonner de sa longue absence.

    - Maliya, notre Demona va passer à travers ça et quand les autres reviendront, tu auras une bonne raison de leur tomber dessus et de te venger.
    - C'est tentant comme image, dit Laure en arrivant, suivit de Kamille et Tara.
    - Je suis d'accord, sourit Maliya. Où est Thomas ?
    - Il attends pour manger. répondit Kamille.

    Après un ultime regard, Maliya décida qu'il était temps pour eux d'aller manger et de se préparer pour les quarts du reste de la journée en plus de ceux de cette nuit qui risquait d'être longue pour d'autres, planqués plus loin.

     

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