• Chapitre 34

    - Papa ! s'écria Maliya en débarquant en trombe dans la chambre où était installé le mafieux.
    - Mia Principesca, murmura-t-il.
    - Doucement chérie, fit Lucie. Il est très affaibli.

    Maliya regarda son père. Elle était prête à fondre en larmes, Matthew fit fi des recommandations et ouvrit ses bras pour la voir s'y engouffrer et pleurer à grandes larmes.

    - J'ai eu tellement peur ! Comment t'as fait pour finir comme ça ?! hurla-t-elle contre son père qui caressait ses cheveux.
    - Je suis désolé ma chérie. J'ai été pris par surprise avec les autres. On ne s'attendait pas à ce que ces gens-là en viennent à me droguer pour me diminuer. répondit-il calmement. On ne s'attendait pas à ce qu'ils nous tombent dessus comme ça.
    - T'es le plus badasse ! l'accusa-t-elle. Comment tu as pu ?!

    La scène était triste mais touchante. Matthew se sentait rassuré d'être rentré vivant auprès de sa fille. Qu'aurait-elle fait s'il n'était pas revenu ? Oh il avait bien une idée et c'est pour ça qu'il avait attendu que Noan ne vienne pour pouvoir rentrer et être auprès de sa fille qui pleurait contre lui.

    - Thomas. appela le mafieux.
    - Papa... bredouilla ce dernier en s'approchant timidement du mafieux qui le souleva d'un bras pour le faire grimper sur le lit médicalisé. Désolé les enfants. Je suis à la maison maintenant.

    Lucie fit signe aux autres de les laisser pendant un moment avant de revenir et de les trouver endormis contre leur père qui leur caressait la tête.

    - Dis moi Lucie.
    - Tu veux pas qu'on les ramène à la villa ?
    - Lucie.
    - OKay, okay. Le bilan n'est pas bon du tout, mais avec les premiers soins des médecins sur place plus Theiron et Gaia, le pire scénario n'est pas à envisager. Il va falloir qu'on te surveille et qu'on te sèvre. 
    - Merci.
    - T'es sûr que vous pouvez dormir à trois dessus ? le taquina la femme médecin.
    - On a vu pire.

    Lucie pouffa.

    - Repose toi. Je repasserai dans quelques heures. Suron prendra le relais.
    - Merci Lucie. 

    La femme referma la porte pour trouver dans le couloir, beaucoup de monde épuisé et sur le point de s'effondrer, qui attendait des nouvelles du Boss. Mi amusée, mi exaspérée, elle
    déclara :

    - Il doit être sevré. Le pire n'est pas à envisager et il est relativement en bonne santé. Ils dorment.

    Le soupir qu'elle entendit la fit sourire.

    - Allez vous reposer aussi. Vous tenez à peine debout. Il est entre de bonnes mains. Je vous tiendrai au courant à la réunion de demain matin. Allez, oust ! 

    Lucie les chassa pour vider les couloirs de son hôpital et retourna dans la salle de pause où elle trouva Theiron à moitié endormis, Gaia et ses autres internes.

    - Vous deux, au lit.
    - Oui cheffe... Comment il va ?
    - Vous avez fait du très bon travail. le rassura-t-elle. On doit encore attendre pour voir ce que ça va donner, mais il doit supporter le sevrage pour qu'il soit réellement sortit d'affaires.
    - Merci Doc. Bon, on va y aller.
    - Reposez-vous bien tout les deux. Et pas de folies ! s'exclama Lucie alors qu'ils quittaient la salle, faisant pouffer les internes.
    - Un café ?
    - Volontiers, dit-elle en se laissant tomber sur un canapé de la salle. On risque d'avoir des nouveaux.
    - Dans l'hôpital ?
    - Si Matthew s'en sort et que Maliya le décide, on aura un peu plus de monde ici.
    - Je me méfie, dit un jeune homme d'une vingtaine d'années en lui tendant une tasse de café fumant.
    - Moi aussi, mais ils ont réussi à le maintenir en vie le temps qu'ils rentrent.
    - Il paraît que Maliya a mit sa lame sur l'un d'eux. 
    - Maliya pense qu'ils ont empoisonné son père et qu'ils veulent se faire passer pour de bons samaritains, laissa entendre Lucie.
    - Vous en pensez quoi ?
    - Hmm... j'en sais rien pour l'instant. Tout ce que je sais par contre, c'est que si ça se passe mal, Maliya va en faire de la chaire à zombie et sans cligner des yeux.

    Un vent glacial fit frissonner les internes.

    - Je veux pas me retrouver face à elle si jamais ça arrive.
    - Moi non plus ! D'ailleurs Suron. Je prends les premiers quarts, tu feras la suite. Matthew est prévenu.
    - Euh... Vous êtes sûr ?
    - Maliya et Thomas dorment avec lui, ne sois juste pas surpris quand tu les verras à trois sur le lit médicalisé.
    - Ils sont à trois dessus ?
    - Vous voulez voir ?

    Lucie embarqua les curieux jusqu'à la chambre, ouvra très légèrement la porte et ils purent voir la petite famille endormis dans le même lit.

    - Les lois de la gravité me fascinent, murmura Suron.
    - Laissons les. Tu prendras les quarts de nuit, souffla Lucie en refermant la porte.
    - Okay.

     

    [...]

     

    - Vous devriez dormir tous, dit Kamille dans le bâtiment où vivait les militaires alors que Theiron et Gaia y revenaient.
    - Moi en tout cas j'y vais, bailla Theiron. Je suis claqué.
    - Prends une douche d'abord, lança Gaia.
    - Bah viens, lui lança-t-il.
    - Allez vous décrasser les amoureux ! 
    - Bye !

    Le couple se leva pour se diriger vers leur appartement.

    - Laure ne vient pas ? demanda Kamille.
    - Elle doit passer dans quelques minutes, répondit Taman qui avait eu le temps de se doucher et se changer. Maliya avait besoin de ses amies.
    - Syd doit venir une fois son quart fini, lança Kollin en mordant dans un toast beurré.
    - Et toi Noan ?
    - Je passerai les voir. Lucie m'a dit qu'ils dormaient avec leur père.
    - Désolé mon frère, tu vas être le seul à dormir sur la béquille ce soir, pouffa Taman, claquant l'épaule de son ami.
    - J'ai tout mon temps, contrairement à toi mon lapin. rétorqua Noan.

    Ils partirent tous en fou rire jusqu'à ce qu'on toque à la porte.

    - C'est ouvert ! s'exclama Kamille.
     - Coucou. J'ai entendu des rires, c'est que vous n'êtes pas si fatigués que ça.
    - Salut tigresse, l'accueilli Taman en voyant sa belle passer la porte.

    Laure avait dû laisser Taman et son groupe rentrer pour qu'elle accompagne son amie voir son père, et éviter un meurtre de masse inutile. Mais elle restait très suspicieuse quand au groupe de médecin qui se trouvait dans la cage. Elle n'avait pas confiance et préférait rester sur ses gardes. Maliya en avait déjà blessé un et elle ne voulait pas faire de même. Quand Maliya s'était endormit avec Thomas contre leur père, elle avait préféré venir retrouver son chéri pour un moment de calme.

    Taman l'attira sur ses cuisses et cala son visage contre son épaule, un bras lui entourant la taille. Sa large main posée sur sa cuisse dénudée, Taman sentit sa fatigue disparaître. Elle réveillait en lui une part animal qu'il n'avait jamais vraiment connu jusque-là.

    - Comment va Maliya ? demanda Kamille.
    - Après avoir faillit égorger un médecin, tu veux dire ? répondit Laure. Elle a fondu en larmes contre son père. Thomas et elle sont avec lui. D'après Lucie, le pire scénario n'est pas à envisager, mais il doit encore tenir le sevrage pour être sûr qu'il soit sortit.
    - C'est une bonne nouvelle, échappa Kamille.
    - Suron doit prendre les quarts de nuit, indiqua innocemment la jeune fille, dont le regard se posa intentionnellement sur Noan.
    - Merci pour l'info. Tu devrais aller t'occuper de ton mec.
    - C'est pour ça que je suis là, sourit-elle. Reposez-vous bien.

    Laure se leva et embarqua Taman qui eut un grand mal à cacher une belle érection en quittant son siège. Ses amis gloussèrent et reçurent un doigt comme réaction, les faisant complètement éclater de rire.

    Dans l'appartement du militaire, Laure décida qu'il avait besoin de s'allonger. Elle avait envie de lui car il lui avait manqué, bien sûr. Mais les cernes de son compagnon lui indiquèrent qu'il avait terriblement besoin de se poser.

    Elle le guida alors vers la chambre et l'obligea à s'allonger.

    - Tu ne fais rien, dit-elle à voix modérée. Je t'aide et dodo.
    - Bébé tu sais que ça va te prendre un moment pour juste "m'aider".
    - Tu crois ?

    Action réaction, elle entreprit de lui masser le membre à travers son short, faisant gronder la bête. Elle sortit son jouet favori de son paquet d'emballage et l'engouffra goulument dans sa bouche pour en retrouver le goût qu'elle aimait. Taman avait clairement sous estimé sa fatigue mais surtout son état d'excitation. Laure s'en donna à cœur joie jusqu'à ce qu'il gronde de jouissance et ne s'endorme une dizaine de minutes plus tard, la jeune fille contre lui.

    Au beau milieu de la nuit, une fois que tout le monde dort et que les quarts s'échangeaient, Kollin et Noan en profitèrent pour sortir en même temps de leur appartement. L'un alla vers la cave rejoindre son compagnon qui avait repris sa surveillance et l'autre, partit en douce vers l'hôpital pour y trouver Suron qui sortait de la chambre.

    - Oh ! s'exclama celui-ci, surpris par le militaire. Vous m'avez fait peur !

    Noan lui fit signe de garder le silence.

    - Pardon.
    - Comment va le Général ?
    - Il tien le coup. On doit encore le surveiller, le sevrage se passe bien pour le moment. Le fait de les avoir avec lui l'aide à se stabiliser.
    - Merci.
    - Je dois revenir dans deux heures.
    - Je serais reparti avant.

    Suron hocha la tête et quitta le couloir pour retrouver Lucie et les internes dans la salle de repos et les avertir de la présence de l'homme.

    Noan hésita avant de finalement actionner la poignée et entrer dans la chambre, plongée dans le noir. Les seules lumières étaient les faibles lueurs des machines qui monitoraient Matthew.
    Noan s'installa sur le bord de la fenêtre, admirant la lune haute qui caressait la joue de Maliya et qui éclairait un tableau touchant du mafieux entouré de ses enfants qu'il tenait si fort contre lui, comme s'il avait peur qu'on les lui arrache.

    - T'es là ? murmura une voix endormie.
    - Ouais. Je veille sur vous cette nuit.

    Maliya se leva doucement, évitant de réveiller son frère et son père, pour aller rejoindre Noan qui l'attira contre lui. Un bras autour de sa taille, il posa son visage contre sa poitrine, humant l'odeur de sa belle qui lui avait manqué. Mais instantanément, son corps réagit douloureusement.

    - Comment il va ? demanda le militaire d'une voix grave et sombre pour essayer de tromper les envies qui polluaient son esprit.
    - Il a eu quelques spasmes mais ça va. Lucie et Suron ont dit que le pire allait venir bientôt donc on doit être patient, répondit-elle tout en passant sa main dans les cheveux.  Qu'est-ce qu'il c'est passé là-bas ? Tu ne m'as rien dit et hormis le fait que vous ayez sauvé ce groupe de médecins...
    - Viens-là.

    Il la fit s'asseoir sur le rebord de fenêtre, la callant contre ses cuisses sur uen position précaire et dangereuse pour lui. Maliya se laissa aller contre son torse vibrant de noirceur, ressentant les battements de son cœur contre son dos.

    - Le soir où on s'est eu au talkie, on venait d'établir un camp sur une zone élevée et assez dégagée pour avoir un bon visuel. On savait que des zombies trainaient dans le coin, on était préparé pour ça. Mais on s'attendait pas à ce qu'un groupe en profite pour nous balancer des fumigènes et qu'ils en profitent pour nous tomber dessus... On a été séparé avec ton père alors qu'on se battait côte à côte. Mais il s'est fait droguer pendant le combat, c'est ce qui nous a définitivement séparé. Les civils ont tous été embarqué, mais nous étions tellement empêtrés dans un combat avec les zombies qui n'arrêtaient pas de nous tomber dessus... C'est ce qui leur a servit de diversion pour fuir et ça nous a pris toute la nuit pour en venir à bout. On était tellement épuisés qu'on a dû trouver un endroit pour nous abriter et dormir.

    Maliya l'écouta attentivement, caressant le bras qui la tenait contre cet homme épuisé et qui gardait en lui bien des secrets.

    - Comment vous les avez retrouvé ?
    - On les a traqué. On a tué ceux qu'on rencontrait et on a suivi les pistes qu'on avait. répondit-il tranquillement. Maliya, je suis tout aussi méfiant que toi vis-à-vis de ces mecs. Mais ils ont maintenu ton père en vie jusqu'à ce qu'on rentre.
    - Je changerai pas d'avis Noan, soupira la jeune fille. Tant que papa n'est pas sortit d'affaires je continuerais à les considérer comme des ennemis.
    - C'est toi la cheffe, souffla Noan en lui embrassant la tempe. J'ai entendu dire que celui que tu as blessé avait été soigné par Eloïse.
    - Tant mieux.
    - Tu fais la dur à cuir mais en réalité t'es un petit chaton, la taquina-t-il.
    - C'est ça, continue et tu vas voir ce que le petit chaton va faire à ta belle gueule, grogna Maliya, pressant son fessier contre l'érection de son compagnon qui eut un hoquet.
    - Okay, okay, je me rend...
    - Déjà la défaite ? s'amusa-t-elle.
    - Tu t'éclate ?
    - Totalement.

    Du bruit se fit entendre dans le lit. Thomas et Matthew dormaient profondément, mais avaient changé de position. Elle pouvait voir son père la chercher de la main et soudain ! Il se redressa en sursaut, le front perlé de sueur.

    - Maliya !

    Ni une ni deux, la jeune fille se précipita vers le lit pour lui prendre la main.

    - Je suis là papa. Je suis là, tout va bien. T'es à la maison. Tu es  l'hôpital. lui dit-elle à voix basse pour ne pas lui offrir une autre réaction violente. Thomas est avec toi, je suis là. Noan veille sur nous.
    - No... an ?
    - Oui, il est venu voir comment tu allais et surveiller la chambre pour la nuit.
    - Maliya... mon bébé... ma fille... murmura Matthew dans son délire, cherchant à la toucher.
    - Je suis là papa.

    Maliya lui prit la main et le laissa la toucher. Il l'attira rudement contre lui et huma l'odeur de sa fille, rassurant son esprit qui divaguait, lui inventant des images ignobles de cette dernière enlevée, torturée ou même dévorée. C'était insoutenable.

    - Je vais prévenir Lucie, dit alors Noan en appuyant sur la sonnette de la chambre.

    Mais alors que Matthew s'accrochait avec désespoir à sa fille, Noan réveilla Thomas pour le faire sortir du lit et le garder auprès de lui. Lucie et les internes arrivèrent en trombe, rallument la lumière de la chambre pour découvrir le mafieux en plein délire et sa fille assise avec lui, subissant sa force décuplée par les effets de la drogue et du manque.

    - Non ! hurla-t-il. Vous me la prendrez pas ! Mia Principesca !
    - Papa, murmura-t-elle. Je suis là, personne ne va me faire du mal. Ni à moi ni à Thomas.
    - Tho...mas...
    - Papa, bredouilla le garçon accroché à Noan.
    - Reste avec Noan Thomas, ordonna doucement sa soeur. Je m'occupe de papa. Je veux pas qu'il te blesse.
    - Maliya... Il te fait mal.
    - Thomas. Papa est malade. Ils lui ont fait du mal et il a peur qu'on subisse la même chose, dit-elle plus fermement, tout en continuant de caresser le dos de son paternel. Parle lui, mais ne l'approche pas. Lucie.
    - Je veux bien mais ça risque d'être difficile.
    - Occupe toi de voir ce que ça donne, je ne bouge pas.
    - Comme tu veux.

    La femme médecin enfila ses gants et s'approcha doucement pour passer le brassard de tension autour du biceps gonflé du mafieux en panique.

    - Continue à lui parler Maliya, il doit se calmer ou il va pas tenir.

    Prenant une grande inspiration, la jeune fille se mit alors à chanter une chanson qu'il lui récitait dans son enfance. C'était une sorte de comptine qu'elle aimait entendre, surtout quand il devait effectuer les gestes qui l'accompagnait :

    - " Cheveux de lin. Front petit front. Yeux, petits yeux bleus. Nez de quinquin. Pommettes et oreilles vermeilles. Bouche d'argent. Menton fleuri. Guili, guili... Guili, guili. Menton fleuri. Bouche d'argent. Pommettes et oreilles vermeilles. Nez de quinquin. Yeux, petits yeux bleus. Front petit front. Cheveux de lin."*

    Matthew sembla reconnaître la comptine que lui chantait sa mère quand il était encore qu'un tout petit enfant. Cette femme forte et qui avait une voix douce, apaisante. Son coeur rata un battement et finalement, plus Maliya répétait la comptine, plus le mafieux s'allourdissait contre elle, jusqu'à totalement s'endormir.

    Lentement, elle l'allongea et réajusta sur lui le drap. Maliya déposa un baiser sur le front de son père et continua à la chanter, tout en ajoutant une caresse à chaque phrase prononcée, sur le visage du quarantenaire.

    - Il est calmé, déclara Lucie après une vingtaine de minutes d'observation. Les premiers effets du manque ont été les plus durs et ça va aller de plus en plus fort. Tu es sûr de pouvoir le contenir à chaque fois ?
    - C'est mon père. Je sais comment faire avec lui.
    - Je veux pas que tu te mettes en danger. Surtout par amour pour ton père.
    - Je sais Lucie. Mais je veux pouvoir rester avec lui. Noan et Thomas resterons ici mais pas dans le lit. Je préfère éviter que mon frère ne se retrouver blessé ou tué par inadvertance durant une de ses crises.
    - Bon, si tu insistes. 
    - Merci. Noan.
    - Hm ?
    - Tu veux bien prendre Thomas avec toi et aller chercher dans sa chambre de quoi dormir ici ?
    - Ouais t'en fait pas. Je m'en occupe.

    Il lui baisa le front, souleva le garçon tremblant dans ses bras et quitta l'hôpital pour entrer dans la villa.

    - Noan... 
    - Hm ?
    - Mon papa...
    - Il va s'en sortir, t'en fais pas. Ta sœur est forte et lui aussi. Elle ne veut pas que tu sois blessé mais elle veut que tu sois avec elle pour aider votre père à aller mieux, dit Noan, comprenant que Thomas avait l'impression d'être mis de côté. Tu l'as entendu, il t'a appelé. C'est que dans son délire, il avait aussi besoin de toi.
    - Tu crois ?

    Le garçon s'accrocha au cou de Noan, essayant de comprendre la situation et de faire abstraction à cette émotion dérangeante qui prenait le pas sur sa propre raison.

    - Ça s'appelle de la jalousie. expliqua le militaire. C'est une émotion mortelle qui peut être vraiment ignoble et acide. C'est comme un poison pour le coeur humain. Ta soeur veut te protéger mais veut aussi que tu participes au processus de guérison. Tu n'es pas son fils biologique, mais le Général t'a appelé. C'est que pour lui tu es son enfant. Ils t'aiment tous les deux, mais son très féroces. Maliya a vécu à la dur avec le Général. Tu as été épargné pendant toute ta vie. Mais tu es leur famille et une famille s'entraide et se protège.
    - Je veux pas être jaloux... Qu'est-ce que je dois faire pour plus l'être ?
    - Tu dois êtres fort mentalement et être là pour encourager ton père à guérir. Si Maliya estime que tu es en danger, elle te protégera à sa manière. Kamille était comme toi à une époque.
    - Vraiment ? Pourquoi ?

    Noan se replongea dans un souvenir lointain qui l'avait marqué et motivé à choisir une vie qui pourrait faciliter le murissement de sa sœur.

    - Nos parents sont morts très tôt après la naissance de Kam'. Elle ne les a presque pas connu et j'ai dû m'occuper d'elle jusqu'à ce que j'entre à l'école militaire. Kollin, Taman et moi sommes meilleurs amis depuis l'enfance, mais Kam' n'a pas eu la même amitié qu'on a pu connaître tout les trois. expliqua-t-il en arrivant dans la chambre du garçon. On faisait de notre mieux pour revenir souvent ou envoyer un max d'argent pour qu'elle puisse vivre malgré notre absence. On s'occupe d'elle, mais c'était pas la même chose que Maliya et le Général font avec toi. Sans parents, ni son frère à ses côtés, Kamille a dû grandir et devenir très vite indépendante. Certes les voisins de notre appartement s'occupaient d'elle, s'assurant qu'elle ne manque de rien et qu'elle ne soit pas seule la plus part du temps. Elle avait des amis à l'école, mais tu sais... Avoir une famille et avoir des amis ce n'est pas la même chose. D'un côté tu as le sang qui joue beaucoup sur la relation et de l'autre... tu n'as pas besoin de te cacher et tu peux te confier. Mais il te manquera toujours quelque chose, peu importe ce que tu choisis. Kamille en a beaucoup souffert jusqu'à ce qu'on revienne de la caserne et que l'invasion commence. Les militaires sont devenu sa famille et j'en fais partie. 
    - Pour moi c'est différent...
    - Thomas. La seule différence est que ta sœur s'est posté devant ta mère pour te protéger même si elle accepte pas sa trahison. Tu es son frère et le Général a accepté ce fait aussi. Tu n'es pas seul. Tu as un parent et une grande sœur badasse qui te protègent.
    - C'est vrai. Merci Noan.
    - De rien bonhomme. Allez, on prend ce que Maliya nous a demandé et tu vas dormir à côté de ta famille.
    - Tu restes avec nous ?
    - Oui, je veillerai sur vous trois.
    - Merci Noan.

    Le garçon entoura son cou de ses bras graciles et lui fit un câlin que le militaire accepta volontiers. Il attrapa un drap, un coussin et le doudou préféré du garçon, le garda contre lui et embarqua le tout jusqu'à la chambre plongée dans le calme.

    Thomas s'était endormis durant le trajet.

    Maliya l'aida à le coucher et à le border pour qu'il puisse dormir paisiblement.

    - Repose toi, fit Noan en capturant sa belle dans ses bras.
    - Hmm... Demain, je veux que le médecin qui s'est occupé de papa vienne ici.
    - Celui que tu as failli décapiter ?
    - Oui. Lucie a dit qu'il avait bien aidé et elle voudrait avoir son assistance pour que papa soit guéri au plus vite.
    - Okay, je vais demander à Kollin et Syd de l'amener demain à ton réveil.
    - Merci.

    Il l'aida à grimper dans le lit de son père et la borda avant de déposer un baiser sur son épaule et d'aller s'installer sur le rebord de la fenêtre.

    La nuit serait paisible qu'un temps, ils le savaient tous.

     

    ***

    Chapitre 33 - Chapitre 35

    * Cette comptine existe bien. Je l'ai entendu durant toute mon enfance. Ma grand-mère maternelle qui nous a quitté en avril 2018 nous la chantait à mon frère et moi au moment de dormir en caressant très légèrement les endroits énoncés. Cette comptine, je voulais pas l'utiliser à la base car elle est très spéciale pour moi, mais je me suis dit que la partager avec vous sur un chapitre comme celui-ci ne me ferai pas de mal.