• Chapitre 11

    Jimmy était confortablement installé dans la baignoire, mais il lui manquait quelque chose...

    Sea.

    Ce dernier l'avait obligé à prendre place et se détendre en premier dans la grande bassine en céramique. Accroupi derrière l'assassin, il lui massait les épaules et la nuque, écoutant le médecin pousser des soupirs d'aise. L'étudiant l'avait attiré dans cette mascarade pour mieux le piéger, mais il ne pouvait lui en vouloir. Ce moment intime était tout ce qu'il voulait pour oublier qu'on avait cherché à le prendre pour un con. Quand Sea le sentit presque totalement détendu, il entreprit de se déshabiller pour venir rejoindre l'assassin qui redressa la tête et l'admira, entièrement nu, pour la première fois, entrer dans l'eau. Sans aucune pudeur, le jeune homme vint prendre place entre les cuisses du médecin qui ne broncha pas. Une fois bien installé contre l'homme, Sea put enfin pousser son propre soupir d'aise. Il était dans une baignoire, dans une eau tempérée et avec quelqu'un qui menait son cœur dans des circuits un peu trop vertigineux.

    Jimmy, les bras étalés sur les rebords de la baignoire, ne put s'empêcher de sourire pour lui-même, satisfait de l'avoir enfin là où Sea devait être.

    - Comment c'était ta journée ? demanda l'homme sur un ton badin.
    - Ta mère est passée.
    - Ah, elle t'as enfin vu au travail, souffla-t-il, lorgnant sur sa nuque, dont la peau frissonnait.
    - C'était étrange, mais pas déplaisant, dit Sea.
    - Il y avait du monde ?
    - Si tu parles en clients, oui. Mais si tu parles en employés... J'étais tout seul... J'y crois pas qu'ils aient tous décidé de mentir pour ne pas venir bosser ! s'insurgea le garçon en se redressant soudainement dans l'eau.

    Sea se tourna à demi vers lui et montra un visage colérique qui ne déplut pas à Jimmy.

    - Tu sais les excuses qu'ils ont osé dire ?
    - Je m'attends au pire...
    - "Mon chien m'a empêché de sortir de chez moi" ! Non, mais je rêve !

    Jimmy éclata de rire.

    - Pardon, mais je m'attendais à tout sauf à celle-là ! s'exclama-t-il entre deux larmes de rire.
    - C'est ça, moque toi, bougonna Sea.

    Remarquant son air triste et déçu, Jimmy l'attira contre son torse, l'entourant de ses bras. Visage posé contre la poitrine du médecin, Sea pouvait entendre son cœur battre, le berçant avec douceur. Jimmy se mit à jouer avec ses cheveux, l'air penseur.

    - Nong...
    - Hm ?
    - Tu veux que j'envoi plus d'hommes au café ?
    - Tu cherches à ce qu'on me materne ?
    - Pas du tout. Je sais que tu adores y travailler et te voir heureux est tout ce qui m'importe. Bon, je cache pas qu'avoir plus d'hommes avec toi me rassure aussi.

    Sea se tut un moment.

    Il posa ses doigts sur un téton hérissé, faisant sursauter Jimmy.

    - Tu penses qu'ils sont encore dans le coin, à me surveiller ? demanda Sea, stressé.
    - Je fais tout pour te garder en sécurité, répondit Jimmy, se laissant aller à ses caresses innocentes. Mais ils ne vont pas abandonner la chasse. Tu es le plat principal dans leur menu de flingués.

    Les grondements de Jimmy rassurèrent Sea, d'une certaine manière. Car il lui prouvait qu'il tenait à lui, même après quelques jours de connaissance. Était-ce même possible d'avoir autant envie de quelqu'un et de vouloir être avec lui alors qu'on ne le connaissait presque pas ? Sea le ressentait comme un lien invisible qui l'attirait inexorablement vers cet homme dangereux. Ce sentiment souleva une question qu'il eut du mal à lui poser :

    - Phi...
    - Hm ?
    - Est-ce qu'on s'est déjà rencontré ? Je veux dire... avant, quand... quand mes parents étaient encore là...
    - C'est possible, lui répondit Jimmy, tentant de réfléchir à un possible souvenir.

    Soudain, le médecin se raidit et se redressa, surprenant son compagnon dont il capta le regard.

    - Je... Je crois que oui... OUI ! s'exclama-t-il en se rappelant d'un garçon joyeux avec qui il...

    Jimmy prit Sea par les épaules et chercha quelque chose sur son corps, jusqu'à trouver la marque que ce garçonnet avait reçu en l'aidant.

    - Oh bah merde alors ! souffla-t-il.
    - Qu-Quoi ? Quoi ? Phi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Dis moi !
    - Je... On... On s'est déjà rencontré ! Cette marque...
    - Hmm ?

    Sea regarda la trace d'une coupure qu'il s'était lui-même infligé après son entrée au collège. C'était une époque où il venait de découvrir la réalité sur sa sexualité et qu'il était malmené par ça. Il avait souvent pensé au suicide durant ces années-là, au point ou il avait faillit passer à l'acte, planqué dans une cabane de forêt. Mais quelqu'un l'en avait empêché et le souvenir de ce garçon avait fini par être effacé avec la mort de ses parents.

    - Je t'ai trouvé pleurant dans une cabane, un cutteur planté dans l'avant-bras. Tu tremblais parce que tu voulais en finir, mais tu n'arrivais pas à aller plus loin, raconta Jimmy.

    Surpris, Sea le dévisagea.

    - C'est... C'était toi ? Le garçon qui m'a soigné et qui m'a engueulé ?
    - Ha ! C'est tout ce que tu retiens ? Il me semble que j'ai fait bien plus que ça, se rappela alors Jimmy.

    Sea rougit.

    Oui, ils avaient fait bien plus que ça. Jimmy avait été son premier vrai baiser et ses premières toucheries en duo. Il lui avait apprit la définition du plaisir solitaire, sans chercher à le pousser trop loin. Il lui avait donné un orgasme qui avait secoué toute son adolescence et dont il en sentait encore les frissons, des années après. Le garçon de cette époque sombre avait été le crush de Sea. Ce béguin secret qu'il avait revu en cachette une dizaine de fois avant qu'il ne le puisse plus. Quand Sea perd ses parents, il n'avait pas que perdu ses souvenirs de sa vie, mais surtout celui de ce garçon qui l'avait sauvé et lui avait apprit à connaître son corps et ses limites.

    Les larmes se mirent à couler sur les joues de l'étudiant qui réalisa enfin ce que le destin avait voulu lui faire comprendre. Il lui avait retiré sa famille, mais lui avait mis sur la route, celui qu'il désirait le plus revoir, Jimmy.

    - Pourquoi tu pleurs ? murmura Jimmy, chassant ces dernières de ses pouces.
    - Parce que je suis heureux, hoqueta le garçon.
    - Salut, sourit l'assassin. Pourquoi tu te fais du mal comme ça ?
    - Parce que je suis blessé. 
    - Laisse moi t'aider.

    Jimmy attrapa le corps de Sea et leurs bouches se trouvèrent dans un baiser furieux et passionné. Leurs langues s'unirent, se jouant l'une de l'autre pour mieux s'enrouler. Jimmy glissa ses mains sous les fesses rondes et musclés de Sea, le souleva pour l'installer sur ses cuisses, éclaboussant le sol de l'eau du bain. Leurs souffles, leurs langues, les mains, leurs peaux... Ils cherchaient à se sentir, à pouvoir retrouver la chaleur d'antan, mais surtout pour se redécouvrir.

    Jimmy quitta sa bouche tentatrice pour plonger son visage dans le creux du cou de Sea, dégustant sa peau sensible, l'écoutant gémir. Il pouvait baisser les yeux pour voir poindre leurs sexes dressés. Il ne chercha pas et empoigna leurs hampes pour les presser l'une contre l'autre et les caresser ensemble.

    - Ah ! s'exclama Sea. Phi !
    - Sea... gronda l'assassin en transe de retrouver ce corps qui n'avait pas quitter ses pensées depuis toutes ces années et dont son corps se souvenait parfaitement des plaisirs qu'ils s'étaient mutuellement donnés dans cette petite cabane, à l'abri de tout et tous. Sea...

    Alors qu'ils se sentaient approcher de la délivrance, Sea le stoppa.

    - Qu'est-ce que-
    - Le lit, souffla l'étudiant.

    Jimmy sentit un sourire étirer les coins de ses lèvres. Il se leva, soulevant Sea dans ses bras et quitta la baignoire. Il passa une serviette sur leurs corps avant de le prendre de nouveau contre lui et de l'embarquer dans sa chambre. Sea n'avait pas le temps de découvrir les lieux, beaucoup trop absorbé par sa contemplation du corps puissant de son compagnon. Il en avait la bouche sèche tant il était beau et fort.

    - Qu'est-ce que tu regardes ? demanda l'assassin, debout devant lui.

    Sea, assis sur le lit, releva son visage vers l'homme qui allait partager un moment important de sa vie. Jimmy lui caressa le visage, glissant ses doigts jusqu'à lui prendre le menton.

    - Toi, Phi. On a dut se croiser tellement de fois, sans se souvenir l'un de l'autre...
    - Chéri, me torture pas, gronda l'assassin d'une voix rauque.

    Sea baissa son visage et passa sa langue sur le fourreau brulant, faisant gronder Jimmy, surpris.

    - Putain...

    Sea ne voulait plus prononcer le moindre mot, il voulait juste le caresser, le sentir contre sa langue ou entre ses doigts. Il voulait écouter ses réactions et sentir son désir faire grimper le sien jusqu'à ce qu'ils n'en puissent plus. Jimmy l'obligea à s'allonger et lui écarta les cuisses, embrassant son corps. 

    - Je vais mourir aujourd'hui, gronda l'assassin. C'est sûr...
    - Pourquoi tu dis ça ?soupira Sea, complètement perdu dans le brouillard du plaisir.
    - Parce que tu me rends fou et ça m'excite, répondit Jimmy, posant contre la cuisse du premier, le témoin de son désir.

    Sea frémit, il l'avait eut entre les doigts, contre sa langue et maintenant... il le sentait contre sa peau. Son corps se tendait, il pouvait sentir ses entrailles se retourner et son intimité se contracter d'anticipation.

    - Je vais faire attention, promit Jimmy.

    Mais contre toutes attentes, Sea en décida autrement et le renversa sur le lit. Il chevaucha le médecin, tel un cavalier de l'ancien temps, prêt au combat. Le regard fiévreux, la bouche gonflée par leurs baisers, il se dressait fièrement au dessus de son compagnon qui fut hypnotisé par tant de beauté. Sea ne voulait pas de sa prétendue douceur, même si elle était réelle. Tout ce qu'il voulait c'était Lui, maintenant, au plus profond de son être pour enfin briser cette chaîne de désespoir et surtout, retrouver les souvenirs partagés avec ce jeune garçon qui, des années auparavant, avait déjà tout compris de lui. Il souleva son corps, tendit une main derrière lui sous le regard enfiévré du médecin, glissa une phalange vers son antre et s'activa à l'étirer pour le préparer à ce qui l'attendait.

    - Petite souris, qu'est-ce que tu fais ?
    - Tu veux un dessin ?
    - Tu veux de l'aide ?
    - Hm...

    Sourire carnassier sur la bouche, Jimmy plongea sa main entre leurs corps pour les empoigner à nouveau et l'aider à se détendre. Mais l'impatience de Sea eut raison de leur moment intime. Il obligea son aîné à se rallonger, lui prit le sexe entre ses doigts et vint se positionner au dessus. Le regard plongé dans celui de Jimmy, il se laissa glisser sur la lance de chair qui lui perfora les entrailles avec bonheur. Plus il l'avalait, plus la douleur se dissipait, lui faisant découvrir ce qu'il avait tant voulut vivre à cette époque. Une fois assis sur Jimmy, Sea resta là un petit moment, admirant ce dernier qui respirait rapidement et lourdement. L'étudiant posa une main sur son coeur pour le sentir battre à tout rompre. 

    Cette fois, ce fut l'impatience de Jimmy qui eut raison d'eux. Il le souleva par les fesses, resserrant ces dernières pour s'emprisonner lui-même dans ce corps pulpeux et entama ses mouvements.

    - Phi ! s'exclama Sea, en transe.
    - Sea... Sea !

    Jimmy sentait pour la première fois, l'intérieur de ce corps si provocant qui avait alimenté ses rêves les plus érotiques. Il l'empoigna fermement et accentua sa cadence, l'écoutant gronder de plaisir et l'appeler pour approfondir l'assaut. Jimmy le quitta très peu de temps, changeant de position pour se retrouver au dessus de lui, les cuisses de Sea ceinturant sa taille étroite. Leurs bouches et leurs langues se retrouvèrent, capricieuses elle ne cessaient de se jouer de l'autre. Tantôt mordillant, tantôt léchant ou bien aspirant ce qu'ils avaient à porté de main. Le lit fut le théâtre d'un chaos charnel qui allait durer un bon moment. Sea chevaucha Jimmy, emporté par l'euphorie de l'instant, criant à tout va son nom. Jimmy le fit pivoter pour l'adosser à son torse et lui caresser le corps, empoigner sa hampe pour la torturer.

    Leur amour n'avait pas de limite cette nuit-là. Leurs cris remplirent la chambre et le couloir, la douche les protégea pour une petite pause douce et langoureuse avant de les voir disparaître. 

    - Phi, laisse-moi... Ah !
    - Bientôt, chéri, gronda Jimmy qui se trouvait, lui aussi, à sa limite.

    La brusquerie de l'un rendit faible l'autre jusqu'à ce que, ensemble, ils atteignent enfin ce moment tant attendu. Leurs cris de jouissance fut si forts qu'ils se firent mal à la gorge. Jimmy se laissa retomber sur le lit, embarquant Sea contre lui, complètement essoufflé. 

    - Plus jamais la baignoire, souffla Sea.
    - T'as peur de glisser ?
    - Ça m'excite de trop quand j'y suis avec toi...
    - Bon à savoir.

    Jimmy l'embrassa avec douceur.

    - Je crois qu'on a passé le dîner, fit remarquer Sea.
    - J'ai mieux à faire, rétorqua l'assassin déjà d'attaque pour d'autre coquineries.
    - Ah, mais c'est pas vrai ! Han !

     

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    Chapitre 10 - Chapitre 12